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Écrits de Marc Hodges
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14 mai 2014

un auteur n'invente rien

Pourquoi donc faudrait-il des récits : comment exprimer l'univers en paroles ? Écrire n'est pas une nécessité. Les récits ne sont écrits qu'avec des trous que les lecteurs comblent parfois : quelle que soit la manière dont les faits sont présentés, l'essentiel échappe à la narration... Le récit place la vie au sein d'un ordre, les hommes imaginent la véritable histoire à l'intérieur des mots : un récit combat contre le temps d’où ses égarements. S’il a besoin d'intrigues, celles-ci n'ont à être ni uniques, ni linéaires. Il n’a pas de cohérence, avance masqué — c'est ce qui fait sa force — il parle n'importe comment de n'importe quoi : chacun sait qu’il est imaginaire et donc plus vrai que la vérité, aussi il y a plus de choses qu'il vaudrait mieux ne pas écrire que de choses qui gagneraient à l'être. Le seul lieu où l'être humain existe est en effet sa propre tête. Le récit est un jeu sur le souvenir... Un écrivain n'a ainsi qu'un nombre limité de choses à dire… Tout est vrai dans un récit, un auteur n'invente rien, peut-être parce que l'homme a besoin de diversions. Mais peut-on reconstruire l’holisme du réel à la façon d'un puzzle : depuis quand faut-il imaginer les choses en couleurs ? Le récit n'invente rien parce que l'existence fait preuve de plus d'imagination que ne peut en avoir l'ensemble de tous les narrateurs : les mots ne sont que des mots et de quel monde ce récit parle-t-il ? A-t-il besoin de phrases comme "Les houles de feuillage d'un été interminable s'abîment dans les heures ordinaires" ou "C'était un de ces temps où l'air et l'eau mutinés semblent faire du monde un grand chaos triste" : il s’avance dans l'entrecroisement des citations vraies ou secrètes...   

Je n’ai pas reçu d’autres courriers de Stanislas, j’ai le pressentiment qu’il me laissera dans l’état de trouble où m’a mis son dernier envoi et que je n’en recevrai plus, car je sais maintenant que je me suis pris les pieds dans le tapis noué de ses mots et de son monde : « Vous marchiez à grands pas ; vous aviez l’air égaré, un geste convulsif, et une allure tout à fait sauvage ». Rentrant à mon hôtel après mon entretien avec Martial, je me répétais cette phrase de Madame d’Ercy au Chevalier. Cette soirée a été un déchirement… Mais ce serait trop long, je vous en parlerai demain.
  

« Reply-To: "Olonne de Candales" <decandales@libero.it>
From: "Olonne de Candales" <decandales@libero.it>
To: "Jean-Pierre BALPE" <jbalpe@away.fr>
Subject: Toutes vos passions se ressemblent…
Date: Fri, 29 Jun 2001 23:55:49 +0200
X-Priority: 3
 
S’il y a quelque chose qui vous empêche d’être cru quand vous parlez de votre récit, ce n’est pas qu’il importune, c’est que vous en parlez trop bien : d’ordinaire les grandes passions s’expliquent plus confusément, et il semble que vous écriviez comme un homme qui a bien de l’esprit, qui n’est point troublé, mais qui veut le faire croire. »

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Commentaires
M
J'aime bien ce texte.
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