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Écrits de Marc Hodges
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8 avril 2013

Didier Dourraboue

A Florac pour une journée; comme toujours dans mes déplacement : réunions, palabres, repas… J’ai terminé vers dix sept heures et me suis autorisé le plaisir d’aller passer la nuit, sur les rives du Tarn, dans le superbe hôtel-château de La Caze. C’est là que, me promenant dans le jardin qui domine la rivière, j’ai revu Didier Dourraboue… Certains d’entre vous s’en souviennent certainement… Ou en ont entendu parler… Bien sûr, je ne m’attendais pas à le rencontrer ici, encore moins à le retrouver jardinier… Didier Dourraboue avait notre âge et, si je me souviens bien, j’avais fait sa connaissance en 1982 ou 1983 à sa sortie de l’ENNA: il venait d’entrer au cabinet du Ministre des finances. Rapprochés par l’âge dans un milieu où les jeunes hommes étaient rares, nous avions sympathisé et l’avions adopté dans notre bande d’amis; pendant un an, nous avons même été assez proches.
Mais, en 1985, quelques contrôles de routine provoquèrent dans des casinos de la côte d’azur une série imprévue de suicides; sans liens apparents, dans cette même région, des incendies affectèrent plusieurs établissements bancaires et de jeu; un inspecteur plus curieux que les autres entreprit de fouiller tout ça mettant à jour un énorme scandale: ayant réalisé des investissements immobiliers catastrophiques, une banque nationale était soupçonnée de renflouer ses pertes colossales par d’énormes bénéfices provenant du recyclage d’argent douteux. De telles opérations nécessitaient des complicités haut placées; accusé par un des cadres de la banque, Didier Dourraboue fut présenté comme le personnage clef de ces opérations malhonnêtes; ses adversaires livrèrent à la justice de nombreux documents qui en faisaient un accusé idéal: photos le montrant en compagnie du président de la banque, bordereaux de placements dans des paradis fiscaux, enregistrements de conversations téléphoniques avec des membres de la pègre, factures de dépenses que son traitement ne pouvait justifier, témoignage de call-girls aux tarifs monstrueux… Un petit truand le présentait même comme le commanditaire du «suicide» d’un des croupiers… Didier fut condamné à quinze ans de prison… Libéré après dix ans de bonne conduite, personne n’avait plus depuis entendu parler de lui.
J’ai hésité… J’aurais aimé lui parler mais, en même temps, j’ai pensé que lui n’avait peut-être pas envie d’être remis face à son passé; je l’ai regardé; il m’a regardé; nos regards se sont croisés un instant puis, sans un mot, il a quitté le jardin… Je n’ai pas pu m’empêcher, sur un prétexte quelconque (vague ressemblance, maison de campagne dans la région…) de me renseigner sur le jardinier auprès du concierge: je ne m’étais pas trompé, c’était bien Didier Dourraboue; mais personne au château ne semblait connaître son passé. J’ai senti que mon insistance aurait paru suspecte et je m’en suis tenu là…

Vous vous lassez, semble-t-il, déjà !… Où est-ce le mois de mai et ses trop nombreux ponts qui vous rend peu communicants? Peu de courriers ces deux derniers jours… Dois-je vous dire que vous me manquez?…

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