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Écrits de Marc Hodges
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24 janvier 2013

Wilfrid a la peau sèche

On l’aura compris, l’auteur (enfin celui qui serait si heureux de se voir décerner ce titre si jamais il parvenait — il lui faudrait essayer — à intéresser un éditeur de préférence pas quelconque) de ce qui se veut un roman (mais ce terme cache tant de choses que c’en est indécent depuis le Jéou-Pou-Touan de Li-Yu jusqu’à Adieu d’Elvire de Brissac, en passant par des milliers d’autres titres tout aussi différents) a beaucoup de mal à  maîtriser une histoire qui fout le camp dans tous les sens, à essayer de contrôler le réel et son imaginaire. Résultat, personne ne lira jamais ce récit dans son intégralité (s’il en a une). Mais c’est pas vraiment important car beaucoup de lecteurs se livrent à la pratique — qui devrait être interdite — du feuilletage linéaire ou aléatoire. Seuls les profs de lettre et leurs étudiants lisent, parfois même plusieurs fois, de tels textes de bout en bout ce qui les amène à disserter infiniment sur la place de telle ou telle virgule ou le choix de «parfait» au lieu de «accompli». Personnellement, moi, l’auteur, tout ça ne m’intéresse pas. J’essaie de cerner un personnage complexe que j’ai appelé Wilfrid pour que personne ne le reconnaisse s’il le rencontrait dans un bistrot du sud de la France. Et pour ça, je me suis promis de ne rien omettre de ses quelques qualités et de ses nombreux défauts, ça peut aller de son plat préféré à sa manie de se ronger les ongles ou de se curer le nez pour manger ce qu’il y trouve, jusqu’à sa grande ouverture d’esprit.

Par exemple comment comprendre Wilfrid sans savoir qu’il a la peau sèche et que cela se manifeste particulièrement à certains endroits de son corps: au coude droit, dans le dos à hauteur des omoplates juste à l’endroit qui lui est inaccessible et où il ne peut se gratter, au bas du dos, au début de la raie des fesses, sur son mollet droit, mais plus rarement, par deux petites taches sur le dos de sa main gauche et au bout du majeur de sa main droite. On peut en penser ce qu’on veut, mais c’est ainsi, la nature aussi a des bizarreries qui se préoccupent peu de ce que nous appelons la logique. Certaines parties de son corps sèchent, d’autre pas. Il n’a ainsi jamais eu de problème à son sexe ni sur la peau si sensible du gland ni sur son prépuce qui coulisse agréablement lorsqu’il se masturbe. Ce qui le gêne le plus, c’est son majeur droit dont la peau se dessèche et se fendille sans cesse. Pour mettre fin à ces incessantes petites gerçures, il a pris l’habitude d’enfoncer son doigt dans une motte de beurre puis de l’y laisser quelques minutes pour en graisser la peau. Outre les vertus qu’il pense médicales de cet acte, il y éprouve aussi, enfonçant plus ou moins son doigt dans la motte, quelques sensations vaguement érotiques. Wilfrid est ainsi fait, il sait se contenter de petits plaisirs qui peuvent être solitaires. Il vit de rien ne demande rien à personne, essaie de ne penser à rien, y parvient assez souvent. A priori c’est un personnage remarquable, c’est d’ailleurs ce qui en fait un héros de roman. 

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