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Écrits de Marc Hodges
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1 octobre 2012

Des fichiers poétiques

Rentré dans ma chambre d’hôtel après une journée de flâneries milanaises au rythme d’expresso, je n’ai pas envie de dormir. Il est pourtant plus de onze heures… Loin de mes repères, je n’ai pas le sommeil aisé: sons, texture des draps, odeurs des corps, couleurs, brouillent mes marques. Hors de chez moi je dors très peu… J’aurais pu lire les Poèmes mystiques d’Hussein Mansour Al-Hallaj que j’avais emportés — «Quelle terre est vide de toi / Pour qu’on s’élance à Te chercher au ciel?… » — mais sens désorientés, doucement assoupis d’une vacance trouble, je n’obéis à aucune exigence et m’installe, la plupart du temps, devant mon ordinateur portable. J’avais copié, avant de partir, je ne sais pourquoi, les fichiers de Stanislas: j’ai décidé de revoir le dossier «starobinsk» ouvert il y a deux jours… Il avait disparu… Ou du moins je ne l’ai pas trouvé… Croyant d’abord à une erreur, j’ai cherché un moment. J’étais persuadé qu’il devait se dissimuler quelque part dans l’espace invisible des données. Mais non, les outils de recherche ne m’ont pas laissé de dout: sur mon ordinateur aucun dossier de ce nom. Je garde des copies des courriers que je vous envoie, j’ai donc pu rechercher ce que j’avais noté. Les dix dossiers «abulatahiy, ebencheikh, ibntabatab, marwanbabi, muslimbalw, qudamabgaf, spôjzariâb, starobinsk, tamimbgami, yahyabhali» étaient devenus: «abbasalsul, abulatahiy, du-l-rumma, ebencheikh, marwanbabi, muslimbalw, qudamabgaf, spôjzariâb, tamimbgami, yahyabhali». Pour des raisons que je ne m’explique pas, deux dossiers semblaient avoir changé de nom… J’ai ouvert le premier : «yaqulu fa-yusmi’u wa yamsi fa-yusri’u wa yadribu fi dati l-ilahi fa-yugi’u…» Rien de nouveau… La seule chose qui m’a frappé est le jeu les répétitions de séquences qui semblent dénoter un texte poétique. Plus loin, en effet: «wa min fahimin ga’din wa min kafalin nahdin wa min qamarin sa’din wa min na’ilin tamdi». Quant à leur attribuer un sens? Mais je suis de plus en plus certain que c’est une langue proche de l’arabe ou du turc transcrite dans un alphabet latin — ou un codage s’appuyant sur elles. La répétition des «wa», des suites comme «ben», «cheikh», "muslim», «maqam»… la présence de cette désinence «min» — ichte, ichtelar, ichtelarmin — que j’avais remarquée en Ouzbékistan, me semblent assez caractéristiques et ne rien devoir au hasard… Je savais combien Stanislas était imprégné de poésie arabe et turque puisque c’était lui qui me les avait fait découvrir, et il n’y avait rien de surprenant ni à ce qu’il se serve de ces langue ni à ce qu’il estime que, me connaissant et sachant ce que je connaissais de lui, je finirais par emprunter cette piste. Restait quand même à vérifier cette hypothèse et, pour cela, il me fallait attendre de rentrer à Paris.

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