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Écrits de Marc Hodges
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17 février 2012

Le plein de souvenirs

X-Sender: jbalpe@mail.away.fr (Unverified)
Date: Mon, 30 Apr 2001 20:02:48 +0100
To: Balpe Jean-Pierre <jbalpe@away.fr>
From: Jean-Pierre BALPE <jbalpe@away.fr>
Subject: Mail-roman "Rien n'est sans dire", courrier N° 20

Tu me reproches de traîner, tu me dis «essaie de ne pas abandonner une idée pour une autre, je ne m’y retrouve plus…». Certes, mais ce chaos visible ne traduit que mon embarras permanent : je ne sais par quel bout prendre les choses aussi j’avoue procéder par associations une idée amenant une autre. Comment en effet, après avoir parlé de nos jeux adolescents, ne pas évoquer une part du récit berlinois de Stanislas qui, sur le moment, m’avait paru plus que confus me faisant craindre qu’il n’ait plus toute sa raison… Neuf jours déjà, faute d’avoir tout noté dès mon retour à l’hôtel, je crains que me mémoire ne soit pas précise et pourtant, peut-être était-ce là sa façon de me donner ses clés. Essayons:

«Je sais que tu te souviens de notre premier voyage en Ouzbékistan: Ferghana, Tachkent, Khiva, Samarkand, Boukhara, Sazagan… Tu ne peux pas ne pas t’en souvenir… Trop d’éblouissements, de discussions, de musique et de poésie… Tu t’étonnais de toutes ces rencontres, tu disais que je semblais connaître tout le monde… Oui et non… La position de mon grand-père, son cartel d’influence, mes oncles, mes cousins… Tout cela créait un réseau et, en partie, j’en prenais connaissance comme toi, quoique de façon différente, et tu ne t’en doutais pas… C’était en 1979, 1968 n’était pas loin et ses traces dans les esprits: à l’est pas les mêmes qu’à l’ouest, mais elles n’en existaient pas moins… Tout paraissait calme et patience, tu en avais même appris le mot ouzbek, «sabr»; mais tout était bouillonnement et impatience. Te souviens-tu de «Monsieur Propagande»? A ton sourire, je vois que c’est le cas: il s’appelait en fait Shamuradov… Souviens toi, nos jeux sur les noms… Sans que tu t’en doutes, ce voyage a été un élément clé de ma vie et je peux dire que, d’une certaine façon, tout a commencé là… Et René Robertelli, l’élève du lycée Henri IV, t’en souviens-tu aussi? Nous étions, en seconde, dans la même classe… »

Quel code peut être plus secret que celui contenant les secrets croisés de deux existences? Nos jeux sur les noms… Ce n’était pas un hasard si nous avions baptisé ce Shamuradov en «Propagande». C’était pour nous tout un symbole. Son nom était celui qui illustrait au mieux nos théories sur les codes secrets basées à la fois sur nos intérêts partagés pour les mathématiques et la poésie qui, un temps, nous avaient mené dans les taillis de la mystique et de la numérologie. Quant à René Robertelli, c’était une toute autre affaire car je n’en avais que de très vagues souvenirs et je ne voyais pas très bien ce qu’il pouvait venir faire ici.

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