Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Écrits de Marc Hodges
Écrits de Marc Hodges
Visiteurs
Depuis la création 98 755
Archives
4 février 2015

deux vers d’Hussein Mansour Al Hallaj

I - 86

Comme le réveillon s’est prolongé, Carver s’est couché très tard. Comme le soulignait Walter Benjamin, Brecht a voulu conduire les hommes à s'étonner des raisons et des conditions dans lesquelles ils fonctionnent et il a vérifié le précepte de Kafka selon lequel une authentique parole d'écrivain doit être un piolet pour briser la mer gelée qui est en nous. Comme le temps passe, elle et Il se heurtent aux murs de leur prison doré comme des oiseaux exotiques; ils ne peuvent plus imaginer vivre l’un sans l’autre: Ta place dans mon cœur est tout mon cœur, nulle place pour une autre créature à ta place, mon âme t’a placé entre ma peau et mes os, comment faire si je te perds? un matin, il a tracé ces deux vers d’Hussein Mansour Al Hallaj sur le givre des vitres. Comme les épidémies de Sitar cassées en plein vol. Comme les flics l’ont remarqué, sont constituées de deux séries de huit lettres de base: SIERTPAN pour la première et SAERPDON pour la seconde. Comme les personnes qui trouvent que ce n’est pas de jeu que survienne une guerre entre deux pays quand il n’a encore été question que d’une rectification de frontière, ou la mort d’un malade, qu’il n’était question que d’une grosseur du foie. Comme moi, la plupart d’entre vous ont pensé que… Comme mon nom ne l’indique pas, ma mère est d’origine allemande et je m’étais spécialisé dans les pays de langue germanique dont, naturellement l’Autriche et Vienne, bien entendu. Comme nous avons demandé qu’elle reste active, tant que le compte sera approvisionné. Comme nous l’avons annoncé il y a quatre jours, nous n’avons plus aucune nouvelle de M. Comme on attend Monsieur X samedi en début d'après-midi sur France-Inter. Comme on dit presque au sommet de ma carrière; ne pouvant plus imaginer que ce qui va m’advenir est un bien ni un progrès personnel, pour la première fois peut-être, je me trouve face à moi-même. Comme par hasard, cette clef donne accès à toutes les informations disponibles. Comme par hasard, un aviateur arrive à son tour. Comme parlant à lui-même, l'homme dit: « on renonce plus aisément à ses amitiés qu'à son intérêt ». Comme pour le mystique sûfi, le monde est une perpétuelle théophanie. Comme pour tous ceux qui l’ont précédé, c’est elle qui, l’ayant secrètement décidé et préparé comme un plan de campagne, a, pour séduire Saint-Loup, mis fin à ses amours avec le Général, et de même, ayant depuis peu décidé d’être aimée de Norpois, c’est elle qui vient de décider de dire à Saint-Loup qu’elle voulait qu’il se sépare d’elle, il lui faut désormais en finir avec ça. Comme prévu, hier soir j’ai vu Pacôme: après son concert. Comme quelques uns d’entre vous, je ne cesse plus de penser à cette histoire, elle m’obsède et chasse de mon esprit toute autre préoccupation; je n’arrive même plus à travailler correctement: il m’est revenu aujourd’hui, que je me traversais à pied les jardins du Palais Royal, un fragment de la première conversation que j’ai eu avec lui à Berlin. Comme s'il était poursuivi, un capitaine de police dévale les escaliers en courant, se dirige rapidement vers elle, le temps entier se rétrécit dans le pétale d'une seule main, Oriane a la tête qui tourne. Comme s'il poursuivait un rêve intérieur, il arbore un sourire béat, semble enfermé dans son monde interne. Comme s’il avait besoin de tout vérifier, de faire attention à ne rien oublier. Comme s’il était définitivement clos sur lui-même, il ne se passe plus rien dans le Salon: le seul mouvement réel est celui des militaires. Comme s’il lui faisait des confidences. Comme s’il n’avait pas remarqué sa sœur, Saint-Loup, ferme d'abord les yeux, puis les ouvre à nouveau, fait semblant de s'intéresser aux tableaux des murs que tout dans son attitude, dans le contrôle qu’il impose à ses mouvements, dans la fixité par trop artificielle de son regard un trop bref instant altérée, révèle qu’il ne souhaite que la regarder, peut-être même lui parler. Comme s’il ne l’avait pas vue. Comme s’il se promenait dans la pièce, Elstir aussi va vers le buffet: d'un geste allant de soi, l'homme prend sur la table une coupe de champagne, la lui offre, lui dit quelques mots qu’elle ne peut entendre, Elstir semble d’abord ne pas savoir quelle attitude adopter puis, sans y tremper ses lèvres, pose sa coupe de champagne sur la table, s’en va, se dirige vers une des portes donnant sur le jardin s’opposant à son passage, le militaire en faction l’oblige à revenir dans la salle. Comme s’ils avaient quelque chose à cacher! Y aurait du clandestin là-dessous? Comme SARPEDON, sans R, un ESPADON c’est SARPEDON sans R, sauf si l’espadon est bleu, car en héraldique, c’est un espadon d’azur et l’azur, c’est l’air, jubile Il, SARPEDON égale donc ESPADON, et c’est le motif central!. Comme si ça n’avait pas d’importance, et tout en est resté là. Comme si elle dansait. Comme si elle détenait une science consommée de l’art érotique, elle ne se donne à Il que lorsque l’ensemble de son corps à vif ne forme plus qu’une seule blessure d’amour. Comme si elle était la clef suprême, le maître d’œuvre du réseau╔, fait distraitement remarquer le personnage qui a la voix de Staline. Comme si elle ne le voyait pas, elle s’installa seule à une des petites tables du salon, commanda un verre de fendant, regarda aller et venir les consommateurs. Comme si j’avais déjà décidé ce que je devais faire, j’ai quand même pris le métro: la station de la Friedrichstrasse, la plus proche de l’hôtel Aldon. Comme si les délits ordinaires ne suffisaient pas. Comme si ses victimes étaient choisies dans nos environs. Comme si par, mon comportement, j’avais montré que j’étais indigne de lui, il mit beaucoup de temps à me le pardonner. Comme si pour lui nous n’existions plus. Comme si rien n’avait changé, que le passé se doive de prolonger l’avenir, un serveur portant un vaste plateau d'argent chargé de petits fours salés traverse la foule avec indifférence, les mouvements erratiques des convives rapprochent les uns des autres, les éloignent, les rapprochent à nouveau, les rassemblent dans leur inquiétude ou au contraire les abandonnent aux solitudes de leurs rêves ou de leurs souvenirs, les conversations sur la gloire et ses malheurs se poursuivent: elle est proche d’une fenêtre, la faible auréole que les lumières intérieures projettent sur la pelouse fait, dehors, la nuit si noire, si menaçante, qu’il lui semble y avoir une frontière absolue entre l'espace de l'extérieur et celui dans lequel elle se trouve et qui la protège; elle imagine un ciel carmin avec, dans le lointain, une mer qui s'étale sur le paysage en large tâche bleue immobile, l'espace paraît transparent de lumière, très loin, sur l'horizon, est posé un vapeur. Comme si rien n’était, nous avons repris nos relations anciennes sans jamais faire la moindre allusion à cet incident. Comme si rien ne s’était passé, il vint vers moi, me prit par les épaules et me demanda si j’avais fait un bon voyage. Comme si tous dormaient encore, la maison est silencieuse. Comme si vivre était naturel et fluide. Comme si, soudain, entre nous, s’était installé un soupçon de gêne, nous nous sommes quittés presque aussitôt. Comme souvent la marche active ma mémoire: l’allusion de Il à René Robertelli notre ancien condisciple d’Henri IV forme un point de cristallisation d’où tout surgit d’un coup. Comme souvent lorsque, l’esprit indécis, doucement endormi par une vacuité sournoise, je n’ai aucune obligation précise, j’ai allumé mon ordinateur. Comme surgie de nulle part, elle se joint à elles. Comme tant d’autres, il risque de ne jamais se réveiller. Comme toujours dans ces cas-là, la conversation était d’une grande banalité et les nombreux toasts à l’amitié entre les peuples, à la jeunesse progressiste, au peuple de France, au peuple d’Écosse, etc. Comme toujours reprend Roberte sur un ton inquiet. Comme toujours, ajoute Elle. Comme tous les autres documents qu’il juge intéressants, il la transporte dans l’écran d'analyse. Comme tous les dimanches, la famille Thornton au grand complet est revenue vers douze heures trente de la petite église baptiste construite au sein d’un des villages sécurisés proches de chez eux. Comme tout le monde j'ai besoin de m'allonger. Comme tout le monde, pas plus. Comme toutes les évidences figées de ces toiles sont reposantes, en ce moment, que souhaiter d’autres?╔. Comme toutes les transactions passent par le réseau, que nous avons une autorisation judiciaire pour surveiller le compte de il, si son assassin. Comme tu le sais, pour lui faire quitter la Roumanie, j’avais réussi à faire de elle une des interprètes officielles de notre orchestre. Comme tu peux le vérifier dans le fichier source que je te fais suivre, est le mail d’une carte de visite que possédait il. Comme tu t’en doutes, le douanier trouva très vite le paquet que je n’avais même pas cherché à cacher. Comme tu vois, rien de remarquable ni de déterminant. Comme une pommade sur une meurtrissure, jusqu’à sa venue, la poésie m’avait aidé à vivre: je n’étais pas préparé à une autre plaie. Comme vous dites!. Comme vous l’aviez compris, il s’agit d’un système hypertextuel de codage de données entre fichiers physiquement disjoints: un fichier, disons A, sert de point d’entrée et contient des pointeurs codés permettant d’accéder aux données correspondantes d’un nombre indéterminé d’autres fichiers, B, C ou D. Comme vous le dites vous-mêmes, une grande partie des fichiers est dans une transcription arabe approximative et contient, des textes inversés d’autres langues. Comme vous le dites vous-mêmes, une grande partie des fichiers est dans une transcription arabe approximative et contient, inversés, des textes d’autres langues. Comme vous le savez, je me débats d’ailleurs moi-même avec ce genre de problèmes et si je ne vous en parle pas davantage c’est d’une part que j’estime que cela n’a que peu d’intérêt pour vous et d’autre part, sachant combien la paranoïa des virus, vers et autres chevaux de Troie frappe sur internet, que je ne voudrais pas vous affoler: tant que vous ne recevrez que mes mails, vous ne risquerez rien. Comme vous vous en doutez certainement, ce matin je me suis levé de bonne heure: je lui avais promis à de n’ouvrir sa lettre qu’aujourd’hui; j’ai tenu ma promesse. Comme, argumentant pied à pied, je résistai, il s’emporta, me dit que tout était fini entre nous, prit son sac à dos, s’en alla me laissant seul dans cette ville plutôt ennuyeuse. Comme, me semble-t-il, il en avait toujours été. Comme, par précaution, il ne portait aucune adresse, elle me remet en plus une carte postale du souk aux bonnets portant l’adresse de sa famille. Commençant par abandonner, etc. Commençant par abaisser, abandonner, etc. Commence à se demander s’il ne devrait pas se tirer, aller au vert. Commence le dernier mail reçu où, disséminés dans ce qu’il m’écrit, se trouvent quelques détails me laissant penser qu’il en est bien l’auteur. Commencer par l’adresse. Comment! Il y a encore des coups à jouer. Comment? Personne ne peut m’aider. Comment a-t-il pu en arriver à cela? Je me demande de plus en plus si ce que je vous ai décrit n’est pas une construction, au long du temps, de mon désir, si je ne suis pas ainsi passé à côté de sa vérité? Qui sait pourquoi deux êtres se côtoient? quelques anecdotes que j’avais jusque là préféré occulter reviennent à ma mémoire. Comment accepter cette démesure? Comment ainsi résumer l’existence. Comment avez-vous retrouvé son porteur? Comment avoir confiance? Comment ça se fait? Comment ça se fait que je comprenne lorsque tu m’en parles?

Publicité
Commentaires
Publicité
Derniers commentaires
Publicité