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Écrits de Marc Hodges
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2 février 2012

je formais mille projets

I - 42 je

je ferme les yeux si fort qu’ils me brûlent je file jusqu’à la salle de bains prendre ma douche avant que Wilfrid ne se présente à la porte je file le long de la haie je file m’asseoir au fond après avoir fait signe au tenancier de m’amener la même chose que les jours précédents je finis mon café en silence je finis mon verre en une gorgée je fis aussitôt venir chez moi un valet de chambre qui m'avait accompagné dans mes voyages je fis ressortir l'utilité de continuer à Saint-Aignan-le-Jaillard quelques cours que je n'avais pu suivre à Saint-Aignan-le-Jaillard je fis un mouvement pour m'éloigner je fixais le lendemain comme l'époque invariable d'une déclaration positive je fixais mes regards sur Germaine comme sur un être que j'allais perdre je formais mille plans bizarres pour m'élancer tout à coup hors de la sphère dans laquelle j'étais déplacé je formais mille projets je formais mille projets pour mon éternelle réunion avec Germaine je fouille ma poche je fouille pas tout ce que tu dis je fouille sur la commode je franchis avec rapidité la distance qui nous séparait je frémis des humiliations qu'elle allait braver je frôle les haies je fus accueilli dans cette cour avec la curiosité qu'inspire naturellement tout étranger qui vient rompre le cercle de la monotonie et de l'étiquette je fus blessé moi-même je fus d'abord embarrassé je fus ébranlé je fus ému de son émotion je fus entraîné à l'aveu complet de mes sentiments je fus indigné de cette découverte inattendue je fus longtemps sans combattre sa résolution je fus péniblement affecté de cette phrase je fus placé à peu près vis-à-vis d'elle je fus reconnaissant de la bienveillance qu'un homme âgé me témoignait je gagnai l'homme qui me servait je gardai le silence je glisse la pièce de bois sur la table de la raboteuse je glisse sur le côté je gravis les marches de pierre en prenant mon temps je gravis les marches en tôle je grelotte je grimpe dans ma chambre et m’allonge sur le lit je grogne en courant je grogne pour toute réponse je grommelle je hais cette faiblesse qui s'en prend toujours aux autres de sa propre impuissance je hais cette vanité qui s'occupe d'elle-même en racontant le mal qu'elle a fait je hais d'ailleurs cette fatuité d'un esprit qui croit excuser ce qu'il explique je hoche la tête affirmativement je hoche la tête en silence je hurle à pleine gorge je jetais un long et triste regard sur le temps qui venait de s'écouler sans retour je jette le journal dans une poubelle je jette le même regard au pull de Françoise je jette un coup d’œil à droite je jette un œil au ciel qui se découpe dans un coin du carreau je jette un œil autour de nous je jette un œil aux trous dans mes chaussettes je joue avec une cigarette je jouissais de ses expressions d'amour je l'ai servi dans tous ses intérêts je l'ai toujours espéré je l'aimais plus que je ne l'avais jamais aimée je l'assurai de mon amour je l'assurai que j'avais toujours désiré qu'une détermination irréparable me fît un devoir de ne jamais la quitter je l'aurais mille fois donnée pour qu'elle fût heureuse sans moi je l'avoue je l'avoue je l'écoutai longtemps en silence je l'écris dans ce moment avec un sentiment de remords je l'embrassai je l'en remerciai je l'entraînai je l'espère je l'étais beaucoup moi-même je l'étais du triomphe qu'elle avait remporté sur mes résolutions précédentes je l’accueille à bout de bras je l’ai aidée à monter ses valises dans ma chambre et nous sommes redescendus pour manger je l’ai déposée devant le bar et nous nous sommes quittés après nous être donnés rendez-vous le lendemain je l’ai écoutée me raconter ses histoires sans dire un mot je l’ai emmenée dans ma voiture je l’ai rencontrée la semaine dernière je l’ai rien du tout je l’attendrai toujours un peu plus près de sa baraque je l’écoute plus que je ne parle je l’entends d’ici je l’envoie balader je l’essuie doucement avec un chiffon avant de faire le service je l’étudie un instant je la change de côté je la considérais comme une créature céleste je la laisse à ses recherches et contourne la maison pour rentrer je la laisse faire je la laisse faire son chemin je la laisse tandis qu’elle continue de marmonner je la manque de quelques centimètres je la prends par les cheveux et la tire en arrière de manière à ce qu’elle se lève je la pressais sur mon cœur je la quittai je la quittai je la rattrape avant qu’elle ne passe la porte et la jette sur le lit je la regarde en coin je la regarde faire sans plus d’éloquence je la regarde le moins possible je la regarde les ramasser je la regarde opérer sans broncher je la regarde seulement droit dans les yeux sans rien dire jusqu’à ce qu’elle se taise je la rejoins

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