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Écrits de Marc Hodges
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3 février 2012

La démocratie en danger


Blaise embrasse tendrement Laurence :

- Tu es une excellente avocate !
- Oui… et je suis indignée de voir que nous revenons sans remords à une société médiévale où une masse de manants crevant de faim errent lamentables autour des châteaux des maîtres qui leur jettent leurs épluchures par les mâchicoulis. Quand tu penses que nous sommes obligés de vivre dans des espèces de forteresses gardées jour et nuit par des milices, des mercenaires que nous payons… Crois-tu que nos parents auraient supporté ça ?
- Certainement pas !
- Nous le supportons. Nous avons fini par ne plus y penser… Chacun de nous s’invente des solutions individuelles plus ou moins confortables, se réfugie derrière la mondialisation de l’économie qui évite de se sentir individuellement responsable… Et tu t’étonnes qu’il y ait autant de sectes ?
- Non, je ne m’en étonne pas: je le constate simplement. Je comprends très bien que, pour la plupart des désintégrés, dans leurs situations de solitude et de dénuement, elles puissent apparaître comme des refuges, des espèces de phalanstères où ils redécouvrent leur appartenance à des groupes de cette espèce… Je comprends très bien ça ; même si ça m’inquiète.
- Et pourquoi est-ce que ça t’inquiète ?
- Tu le sais bien.
- Pas sûr… Si ça t’inquiète parce que la puissance de ses sectes t’effraie, c’est peut-être que tu veux protéger tes petits intérêts égoïstes, que tu as peur qu’elles viennent forcer les portes de ta résidence protégée.
- Tu es injuste… Ce qui m’inquiète, c’est qu’elles représentent un déni de l’intelligence humaine, elles exploitent la crédulité et la désespérance de masses de gens pour en faire des armes à leurs seules fins.
- Nous sommes d’accord… Encore faut-il que tes fins propres ne soient pas aussi misérables.
- La démocratie est le respect de tous.
- En quoi les désintégrés tirent-ils partie de ta démocratie, crois-tu qu’ils sachent ce que c’est, qu’elle ait quelque incidence dans leur jungle ?

Blaise coule sa tête sur le ventre de Laurence :

- Mon avocate devient celle du Diable… C’est effectivement un très vieux problème: vaut-il mieux vivre aliéné et heureux que mourir libre et malheureux? J’ai toujours beaucoup de mal à accepter la négation de l’intelligence, l’abdication de la faculté de penser.
- C’est en quoi tu es un bon universitaire!

Blaise glisse sa main droite sous le pull-over de Laurence :

- Ne profite pas de ce que tu crois être un compliment… je ne suis pas sûr que ça en soit un. En tout cas, ajoute-t-elle en souriant, tu n’as toujours pas découvert le meurtrier de Kharamidov.
- Non… mais je progresse. Je préfère ne pas tout te dire maintenant, il y a un temps pour tout… maintenant, c’est celui de la tendresse.
- Tu exagères, il est plus de huit heures !… Je n’ai pas encore mangé !”
- Je te propose un apéritif, murmure Blaise en s’emparant de sa bouche.
- Ne t’imagine pas que je serai l’amuse-gueule à dévorer sur ton canapé, ironise Laurence tout en se laissant faire.

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