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Écrits de Marc Hodges
Écrits de Marc Hodges
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8 mars 2011

Présence / absence

En même temps, les parois de la sphère s’animent lentement. Devenant des ombres mouvantes et colorées, les lumières semblent se fixer sur elles puis, insensiblement, prennent forme, alternent de manière progressive et rythmique périodes de surbrillance qui blessent l’œil et moments de pénombre. Apparition et disparition d’ombres de mots suivent un rythme cardiaque, jouent sur les rythmes sonores, en harmonie et, pourtant, en léger décalage. L’ensemble forme comme un métarythme complexifié encore par des variations rapides de luminosité, comme un battement d’aile de papillon, inscrit dans une très lente, très douce pulsation d’intensité. L’espace semble s’effacer comme si les notions de dedans, de dehors, de lointain, de proche, de haut et de bas n’avaient plus aucune signification. Les yeux s’épuisent à vouloir déchiffrer les mots fantômes. Ils croient percevoir quelque chose comme “perfection” mais ce peut-être aussi bien “protection” ou “protégé” ou “inaction” ou “parfait” ou “prophétie”… les formes se détachent des parois, tournent lentement, forment et déforment des mots sans que ceux-ci ne puissent jamais être clairement distingués. Parfois d’autres formes, des impressions d’êtres, indistinctes, des corps mystérieux se substituent aux mots envahissant l’espace. L’esprit s’accroche, résiste, puis s’égare, se laisse enfin emporter.

Divers effluves flottent dans l’air. Odeurs légères et aériennes mais cependant musquées, chaudes; lourdes, légères ; diaphanes, mobiles… Elles se rapprochent, s’éloignent, stimulent l’odorat, l’emplissent puis, dans un jeu de chat et souris, le frustrent, le laissent en attente, appellent la venue d’autres sensations. Des courants d’air tièdes, plus chauds, moins chauds, à la limite de la brûlure ou de la glace, de la brûlure de la glace, des souffles subtils sans source excitent la surface de la peau de sensations complexes: eau, vent, sable, herbes, mer, algues, soleil… univers! Tantôt dans une lenteur extrême, tantôt à une vitesse inimaginable, Moéra et Sidney, main dans la main, planent dans un océan de sensations diverses, jamais éprouvées. Dans une déperdition totale de la maîtrise des sensations, une exacerbation absolue des sens, l’être entier devient espace, vent, odeur, son, comme si, à la fois, parcelle infime de ce monde, ce monde provenait en totalité de lui: tout et partie, origine et fin, atome et espace… Toute notion de temps s’efface dans un sentiment absolu d’éternité. À la fois alangui et fouetté, douloureux et voluptueux, l’être s’abandonne avec rage et fougue dans une absolue confusion de l’esprit et des sens où la pensée devient chair, la chair pensée ; l’être matière, temps, espace, non-être, présence et absence.

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