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Écrits de Marc Hodges
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1 avril 2013

réveil

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— XCIII —

Padoue, mercredi 30/12/2015, 05:37:57

Malgré le grand froid extérieur — peut-être à cause de lui — il fait très chaud dans la chambre de l’hôtel Principe di Venete : ses grands radiateurs de bronze sont brûlants. Sidney-Alcathe est nu sur le lit immense. Dans la vive clarté de la lune qui pénètre par les hautes fenêtres dont ils n’ont pas fermé les volets, la peau noire de son corps brille sur les draps blancs. Une des deux fenêtres entrebâillée, les longs voilages de coton qui la ferment flottent, accentuant l’atmosphère de film fantastique de cette immense chambre d’hôtel qui, il y a plus de cinquante ans, dut être princière. À côté de Sidney-Alcathe, tout aussi nu, Quillian, couché en chien de fusil dort profondément. Son corps d’éphèbe, glabre, très blanc, longiligne a, dans cette lumière froide, un velouté de nacre.

Sidney-Alcathe est réveillé depuis une demi-heure. Depuis son départ de Paris, il est dans un état d’indécision complète… La mission de Boèce de Dacie, l’héritage de Kharamidov et son testament, la rencontre de Quillian, tous ces événements le troublent profondément. Il sent que, peut-être pour la première fois de sa vie, il est à un carrefour et ne pourra pas se contenter de laisser le hasard décider de sa vie mais devra choisir lui-même…

Sous la lumière métallique et froide de la lune qui dissimule les défauts du lieu, il laisse son regard errer sur la chambre. Le plafond blanc, mouluré, est très haut, les murs tendus de soieries portent de grands miroirs dorés qui éparpillent la lumière ainsi que deux tableaux de paysages sombres qui font comme deux trous intrigants ; une des deux immenses portes donne sur la vaste salle de bain où trône une baignoire en fonte posée sur ses pieds, l’autre ouvre sur un vaste couloir semblable à une galerie de palais classique… Descendus du train à Padoue, dernier arrêt avant Venise, Sidney-Alcathe et Quillian ont, la veille à l’aube, presque par hasard, échoué dans cet antique hôtel proche de la gare cerné par des quartiers de squats. Le luxe archaïque promis par les barres cuivrées de la grande porte à tambour et l’uniforme gris galonné de rouge du vieux chasseur les attirait, Sidney-Alcathe voulait vérifier la puissance toute récente que lui conférait sa smart card. On ne leur posa aucune question.

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