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Écrits de Marc Hodges
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7 février 2010

Les Issarts, 12 heures 12

La vie n'est peut-être rien d'autre que ce souffle léger sur les herbes jaunies dans la chaleur de l'été. Les mouches… Bréauté chante. Enfermé dans sa grande cape vert-gouffre un berger est au loin immobile comme un mégalithe, il soupèse le poids du silence. L'œil voit, explore l'éventail optique en avant de lui, recherche constamment des concepts d'invariance. Bréauté n'a que mépris pour le caractère inévitable des choses et l'acte volontaire ne lui est rien. Dans les sons infimes, presque imperceptibles du monde, il reconnaît la présence obsédante de voix déjà perçues: partout résonnent des voix qui prêchent la mort. Les pierres méditent sous la lumière. Cela fait trop de preuves pour douter. Bréauté presse l'allure, il aperçoit vers l'est la tache sombre d'une forêt. Il peut se répéter cent fois "je suis seul, je suis seul", cela tombe sur de la chair morte. Il attend quelque chose, ne sait quoi, mais attend… Un oiseau dans l'air serait le bienvenu! Il mène des rêves d'enfants qui ne demandent qu'à devenir actifs.

Il est mené du dedans par ses souvenirs, à mesure qu'ils lui reviennent à l'esprit et ils reviennent en désordre. Il a besoin de parler à ces gens qu'il ne connaît pas, mais redoute leur rencontre. Le paysage, c'est à l'intérieur de lui-même qu'il le porte au point qu'il se demande parfois si tout ce qu'il parcourt là est un monde réel ou, plutôt, s'il n'est pas de l'ordre de l'imaginaire. Il sent dans l'air la présence impalpable du malheur. Il aime les mots lavés par la pluie, usés par le soleil. La pierre, la simple pierre rencontrée, noyau anodin, témoin délaissé, fait signe. Sa route est solitaire. La mort n'a jamais tué personne. Merveilles et calme. Bréauté se sent fort, hésite, va encore, respire à pleine poitrine comme quand on boit. Les vautours sont toujours trop loin pour son regard, autour de lui, le paysage est désolé: pas de végétation, mais des pierres, des pierres… Il est de plus en plus surpris par l'effet que produit en lui cette chose qui ne cesse de le pénétrer, ne sait comment se comporter ici.

Les petites collines sont parsemées de tâches vertes.

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