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Écrits de Marc Hodges
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9 décembre 2009

Du côté de Charre, 6 heures 28

Bréauté rêve qu'une école hautaine, en ces lieux, serait merveilleuse. L'air est frais et léger comme une eau fine. Changefèges, Le Gerbail, La Chaumette, Les Ribes, La Viale, Hures, Champerboux… Autant de sources d'où jaillit le flot des images de son passé. Sur sa gauche, un dolmen éventré, lourde dalle grossière à peine exhaussée du sol sur quelques rudes pierres plates souligne l'indifférence du paysage à la présence humaine. Il est partagé entre la tentation du vrai et celle de l'utile. Les vagues tâches colorées des champs d'herbes jaunâtres, celles des ombres, les moirures des moisissures sur les pierres, lui semblent porter les filigranes de visages familiers. Il chante, vit, écoute. Il marche dans la musique du silence. Il a besoin de compagnons vivants. Il a toujours ici le sentiment d'une sécurité éternelle. Il ramasse une petite pierre polie qu'il ferme dans sa main comme un talisman contre la peur. Dans ses voyages, il a trouvé beaucoup d'endroits magnifiques, mais aucun ne lui a donné ce sentiment de plénitude. S'il lui faut s'abuser, il aime mieux que ce soit dans le sens de la confiance. Une étrange tristesse se mêle à ses souvenirs. Il attend des paroles vraies. Le plateau est figé dans l'attente. Un monde plein de souvenirs et d'espérance… Dans le lointain, un troupeau de moutons se confond avec les pierrières.

L'ascétisme du paysage exclut toute autre vision du monde. Il a trop longtemps appartenu à la solitude et ainsi désappris le silence. Le chien noir et blanc sale tire anxieusement la langue. Il réfléchit qu'il affectionne ces paysages vides où il ne se trouve que face à lui-même. Ce pays est libre et sauvage. Le vent circule derrière les arbres. Il laisse les vieilles images du passé se dérouler dans sa tête. Il est celui que les grandes villes et la solitude ravissent. Sa conscience d'exister s'accompagne de la crainte de mourir. Sur quel chemin le présent va-t-il vers l'avenir ? Il n'a jamais cessé d'être à la recherche d'un point fixe, sommet de tous les sommets, d'où tout le paysage se découvre. Toute accusation avorte ici. Il sait orties, chardons, airelles, églantines, prunelles, ces âmes épineuses des causses. Perdant le bonheur de tout ce qui a été, il boit avidement la volupté de voir. Un seul chemin vers le centre absolu… Le coassement d'un corbeau trahit l'épaisseur du temps. Bandes.

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