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Écrits de Marc Hodges
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30 septembre 2009

Fin de conversation

L’instituteur gémit : — Hélas, non, les habitants ne me respectent pas… il leur arrive même de me battre. — Ils vous battent ! s’écrient ensemble Robert, Armelle et Wilfrid. — Ils me battent… Vous savez, si un enfant rapporte chez lui que j’ai osé critiquer la coutume, les parents viennent me battre. Puis ils enlèvent leur enfant de l’école, le confient à celle des Tantes et si je n’ai plus délève, c’est tout le village qui a le droit de me battre. — Et vous n’avez jamais porté plainte, demande Robert ? — Si… mais vous savez, le garde champêtre dit que j’appartiens à la commune, donc à chacun de ses habitants… Inaliénable, ils disent que je suis un bien inaliénable et qu’ils peuvent faire de moi ce qu’ils veulent… — Vous n’avez jamais demandé votre changement, avance Wilfrid ? — J’ai essayé, reconnaît l’instituteur, j’ai essayé… mais la mairie m’établit toujours de très mauvais rapports pour s’y opposer. Ils disent qu’ils ont trop de mal à s’habituer à leurs instituteurs, ils préfèrent les garder le plus longtemps possible. Et puis… je suis encore solide, ils n’ont pas vraiment les moyens de s’en offrir un autre. — C’est vrai, reconnaît Serge, ici ça se passe comme ça. — C’est inadmissible, s’écrie Robert, il faut faire quelque chose ! — Vous voyez, je ne peux pas vous aider beaucoup, dit l’instituteur. — C’est nous qui vous aiderons, affirme Robert. — Oui, disent en chœur Serge, Armelle et Wilfrid, nous vous aiderons. — Vous savez, dit l’instituteur d’une voix plaintive, ce n’est pas pour ça que je suis venu vous voir… On s’habitue aux coups… Le plus dur, c’est de toujours se taire : je voulais que vous sachiez que je suis avec vous… Un silence, puis comme on apercevait au loin les premiers lampadaires du village… Arrêtez-moi ici, s’ils vous plaît, je préfère rentrer discrètement au village… — Comme vous voulez, dit Robert.

Il freine.

Le maître d’école descend de la voiture, se déplie. Les quatre amis regardent sa forte silhouette carrée s’éloigner dans la lumière des phares.

 

 

 

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