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Écrits de Marc Hodges
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19 juin 2009

Du Muy en Provence, Gilberte à saint-Loup

Voulez-vous que je vous oublie… nos pas n'obéissent jamais au hasard, je n'aurais jamais dû vous écrire. Je n'ai jamais encore écrit de lettres d'amour - je fais partie du décor. Si je ne sais plus ce que je dis, c'est que je suis folle d'amour.

Je vous aimerais jusqu’à ma mort - les mouvements du coeur ne sont pas soumis à la réflexion… je détaille avec volupté tous les fonctionnements de chacun de mes organes, jamais je n'ai aimé, jamais personne n'a aimé comme je vous aime, l'absence qui est pour les vrais amants un supplice horrible, n'est-elle pour vous qu'un repos; quand je vous contemple, quand chacun de vos mouvements porte le délire dans mes sens, un geste de vous me repousse - il faudrait que je fasse quelque chose pour vous oublier.

Je vous aime plus que je ne peux dire (vos aim mais qu'ieu no sai dire). Je suis bien dans ma peau - Le Muy mêle ses mythologies - je ne sais pas écrire une lettre d'amour - savez-vous, Saint-Loup, que vos confusions m'inquiètent, pourquoi, toujours occupée du soin de vous plaire, je ne trouve pas en vous le même retour, un seul de vos regards détruit toutes mes joies, je meurs où vous n'êtes pas; pourquoi faut-il qu'il y ait par intermittences tant de différences dans les bonheurs - je n'ai rien à dire que vous ne sachiez; jugez ainsi ce qu'il semble à d'autres à qui votre passion serait superflue; je vous ai cherchée en vain rue Michel Maurette… je marche vers le pont vieux et je ne pense qu'à vous… je ne sais plus vivre sans vous… adieu encore un coup.

Je vous attends - prenez moi en pitié. Gilberte.

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