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Écrits de Marc Hodges
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17 décembre 2008

Apparté de l’auteur

«La clarté de l’action exigeant — faute de pouvoir mener des écritures d’action simultanées ou parallèles — que, pour le moment, nous négligions Zabre, nous allons suivre le garde-champêtre qui est une autre des pistes fictionnelles possibles. Ce choix n’est pas sans conséquences car il nous faudra, en effet, ensuite, savoir ce que, pendant ce temps, aura fait Armelle, de même que connaître les actions de Serge, Robert, du curé, du sacristain Petit, de Wilfrid d’Eurymédon, de X…, de la bonne de l’hôtel du Roi Artus, de la bouchère, de la fille publique, du vieux chien, etc… sans compter les multiples personnages qui, faute de mieux, n’auront été qu’évoqué car la réalité est complexe et n’en donner qu’une petite partie ne permet pas d’en comprendre le dessein d’ensemble. Or, n’est pas ce dessein qui importe à tous car, sinon, en quoi une vieille fille ou une bouchère de Huelgoat pourrait-elle bien m’intéresser, Seule la part d’humanité qu’elles portent en elles et la responsabilité qu’elles ont dans la tautologie universelle — l’effet papillon de la race humaine — sont susceptibles de faire en sorte que tous nous soyons concernés. Pourtant, le temps manque, les moyens techniques manquent, et, plus grave encore, la pensée là devant défaille car, chacun agissant, en même temps de son côté, il faudrait, pour qu’une telle prise en compte soit possible, que soient décrits, en même temps, les actes de chacun et ceci encore en ne se posant pas la question fondamentale du niveau de description. Nous savons en effet que la dimension d’un rocher n’est pas une donnée évidente : suivant l’instrument de mesure et surtout le degré de prise en compte de ses multiples détails et aspérités, de leur finesse… cette dimension peut aller d’une valeur mesurable à une valeur infinie. Nous ne mesurons généralement le monde qu’à notre échelle de perception.

De plus, rien ne dit, si cet impossible, par quelque découverte technique devenait possible, que le résultat offre un texte agréable à lire : la seule façon de rendre compte du monde est de ne jamais cesser de parler de chacun de ses événements. Je rêve d’un instrument susceptible, seul et infiniment, d’accomplir une telle tâche. Nous n’aurions en tous cas pas le temps de lire ces textes et si nous nous y appliquions, nous n’aurions plus le temps de vivre. Paradoxe intéressant, il n’y aurait plus rien alors à écrire à moins que ce rôle ne soit dévolu à des machines qui nous écriraient. Peut-être est-ce là la seule fiction indispensable à l’humanité et à l’esprit collectif humain…

J’ai adopté une solution plus simple et plus radicale: de page en page, je me permettrai de supprimer quelques uns des personnages, solution inefficace, inélégante et inesthétique mais… ça fera toujours ça de moins.»

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