X… fulmine

Armelle s’est enfin endormie, elle pense à Serge et Robert.

Tout Huelgoat dort. La bonne elle-même, enfin satisfaite, dort. Dans la petite rue des Cendres, un vieux chien contemple longuement le mur, regarde autour de lui, se décide, urine sous l’inscription «Loi du 21 juillet 1881» puis, s’éloigne avec une certaine dignité.

Seul X… travaille encore, il est revenu sous sa tente, maudissant Zabre qui l’a abandonné : il ne se fiera plus jamais à la Revue Occultiste de France. Les articles signés zabre étaient pourtant pondérés, sérieux, bien documentés… Qui aurait dit que le savant qui écrivait ainsi se conduirait de façon aussi bizarre, désordonnée, erratique, incontrôlable, aberrante, illogique, insensée, etc.

X…, rageur, prépare son athanor dont il allume brutalement le fourneau, verse de l’eau dans une cocotte-minute, y plonge le morceau de granit trouvé dans la nuit, fait bouillir le tout… Et dire que sans Zabre, il risque de ne jamais réussir. L’alchimiste, c’est Zabre, pas lui. Il faudra bien trouver un moyen pour le faire revenir aux choses sérieuses… Quel est le temps d’ébullition ? Nom de nom, Zabre a oublié de le lui dire et X… d’un grand coup de pied renverse la cocotte-minute et son contenu. Puis, rageur va se coucher. Il fulmine, pense des grossièretés en nombre, en prononce quelques unes, se tourne et se retourne dans son duvet au point d’y être saucissonné comme un esclave qui aurait tenté de s’évader. Ne pouvant plus bouger, il s’endort. Enfin…

Dans sa chambre, Zabre apparemment calmé, a allumé sa lampe de chevet et s’est plongé dans ses ouvrages d’alchimie, il prend des notes sur un carnet en papier recyclé composé en partie de crottin de cheval.

Huelgoat, vendredi 24 mai, 2 heures 02.