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Écrits de Marc Hodges
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8 novembre 2008

Insomnies

Armelle ne dort pas, elle entend sonner une demi heure au carillon de l’église, elle ne sait s’il s’agit d’une heure et demi, deux heures et demi, trois heures… Le temps semble s’étirer lentement, elle a les yeux ouverts dans la semi-obscurité de sa chambre où la lueur d’un réverbère perçant les rideaux trop légers donne une impression aquatique.
Zabre ne dort pas non plus. Il regarde sa montre. Elle indique une heure vingt cinq. Il la remet à l’heure. Lui aussi est troublé. Bien sûr, il n’a aucun droit sur Armelle qui pourrait être sa fille ; bien sûr elle lui a fait comprendre qu’il ne s’était rien passé entre Serge et elle ; bien sûr elle ne s’est jamais engagée envers lui, n’a fait vers lui aucun geste qui pourrait laisser supposer le contraire… pourtant… il ne peut s’empêcher qu’il a droit à une certaine autorité : il lui semble l’avoir découverte, que le hasard qui les a mis en présence n’était pas vraiment un hasard mais une volonté affirmée du destin. Il lui semble qu’elle lui est destinée, qu’entre eux s’est établi un lien invisible qui s’est, peu à peu, renforcé jusqu’à devenir indestructible. Il refuse d’admettre que, sans rien lui demander, Armelle puisse, un jour, le trancher.
Zabre se retourne sur son lit, il ne peut trouver le sommeil, une idée cruelle, implacable s’agrippe à lui : vingt ans durant il a manqué ses rendez-vous sentimentaux, n’a jamais réussi à trouver celle qui lui était vraiment destinée, il a trouvé Armelle vingt ans trop tard… Tout aurait été différent… Il revoit son mariage, un mariage par lassitude, parce qu’il ne gtrouvait pas celle que plus ou moins inconsciemment il désirait, parce qu’il s’est laissé enfermer dans la routine des fréquentations quotidiennes, celle des sorties communes puis celle, encore plus contraignante — une fois les interdits moraux outrepassés — des rendez-vous de plus en plus érotiques, puis… les enfants. Maintenant enfin, vieilli, ayant dépassé la timidité maladive de sa jeunesse, ayant — peut-être — le courage de rompre tous les ponts entre lui et ses enfants, il se sent libre. Et voilà qu’il rencontre Armelle, mais… vingt ans trop tard… Ce salop de destin lui joue un mauvais tour.
Zabre sanglote doucement…
Armelle s’est enfin endormie, elle pense à Serge et Robert.

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