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Écrits de Marc Hodges
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27 septembre 2008

Dans la forêt nocturne

Serge et Robert ont détaché le cadavre déjà raidi. Armelle est allée chercher une vieille couverture dans le coffre. Ils s’en sont servis comme d’un suaire. Serge a arraché l’écriteau, l’a remplacé par une inscription rapide à la chaux « Mouvement de libération Bas Breton ». Ils ont mis le cadavre dans le coffre de la voiture, sont partis le plus silencieusement possible.

Un grand-père insomniaque fumant la pipe, tenant les rideaux de sa fenêtre de sa main droite, appuyant la gauche sur le chambranle, les regarde faire avec un sourire ironique édenté.

La Spitfire pénètre dans la forêt, les trois jeunes sont passés chez Serge chercher une pelle, ils descendent de voiture, les deux garçons portent la couverture, il est plus de deux heures du matin. Ils s’enfoncent dans la forêt par l’ammée violette. Armelle suit derrière à quelques pas.

Après s’être rejoints au lieu dit Le ménage de la vierge, X… et Zabre sont, à minuit, partis dans la forêt. Ils ont, comme d’habitude tourné en rond autour de la roche tremblante, psalmodiant en duo crescendo quelques formules kabbalistiques puis, d’un ton thrênant, diminuendo, un exorcisme : « La formule de l’hooommee qui se pooorte bien en Jééésus est toujours at,at, at, at ; après hon, hon, sors de ce moooonde deueueux fois ; an, an et il est mooort… » Pleurant cela, ils tournent l’un derrière l’autre, effleurant la roche de leur main gauche et portant, dans la droite, une mauvaise chandelle fumante. Comme toujours, X… (allure décidée, tête baissée, sourcils froncés des visages préoccupés, arrêts brutaux des réflexions profondes suivis de départs péremptoires : c’est le Chef…) s’est arrêté le premier. Il a regardé les étoiles, consulté sa montre, puis une boussolen a mouillé son petit doigt de sa salive, l’a dressé le plus droit possible, a humé l’air puis, sans hésiter, s’est lancé en avant dans une direction prise au hasard. Comme parfois, Zabre — qui pense trop à Armelle — a été surpris par ce départ, manque de perdre son guide. Lorsque Zabre s’esr brusquement figé à un point donné du bois, Zabre — toujours rêveur — l’a bouscule. Nez dans la boue, ils se retrouvent tous deux à terre.

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