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Écrits de Marc Hodges
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25 septembre 2008

De la lecture

Beaucoup d'enfants, filles et garçons, ont dû connaître l'expérience que je relate dans mon billet du 15 juillet. Ceux qui vivent à la campagne ont dû en vivre d'autres et devaient être plus avertis que je ne l'étais. Quant aux petits citadins d'aujourd'hui, je crains que l'amour des adultes pour les chiens — qui les pousse à les traiter comme ces enfants qu'ils n'ont pas voulu avoir — ne les prive de rencontres aussi naturellement instructives. L'homme se forme davantage dans ses rencontres de hasard que par l'éducation, souvent trop expurgée, qui lui est donnée. Et en matière de sexe, bien plus encore…

Le spectacle de la copulation des chiens éveilla en moi une curiosité définitive. Je me dis que, si jusque là aucun adulte ne m'avait parlé de ce qui s'était déroulé devant mes yeux, si aucun ne me l'avait expliqué ni même ne m'avait conduit quelque part pour y assister c'est qu'il devait y avoir encore beaucoup d'autres choses qui m'étaient cachées et que je devais absolument découvrir.

Je dois faire ici un détour… Comme je vous l'ai dit, ma famille était assez étendue — davantage un clan qu'une famille — et plutôt aisée, mes grands-parents, paternels et maternels, possédaient chacun de grandes maisons à la campagne. La propriété de mes grands parents maternels, aux alentours de Fontainebleau, était même appelée "le château". Mes huit oncles eux-mêmes avaient de belles demeures dispersées un peu partout sur le territoire français. Quant à mes parents, la maison qu'ils occupaient dans la petite ville de Bretagne où mon père était notaire, était bien plus un hôtel particulier qu'une maison ordinaire. Nous, les enfants, passions nos vacances de l'une à l'autre au grè des désirs de chacun, des disponibilités des adultes. J'y étais rarement seul, toujours quelque cousin ou cousine était là pour jouer avec moi.

Pourtant, je ne saurais dire pour quelle raison, cet été-là, je me trouvai seul enfant dans le petit "château" de mes grands parents maternels. La demeure, entourée de son parc, était vaste d'une vingtaine de pièces. Mes grands parents, pris par des réceptions diverses, les activités de maire de mon grand-père, celles de diverses associations de ma grand-mère, n'avait guère le temps et très peu l'envie de s'occuper de moi car, d'habitude, la tribu des enfants vivait en autarcie.

Heureusement j'aimais lire et le château ne manquait pas de livres presque toutes les pièces ayant une petite bibliothèque qui complétait celle d'un salon appelé "la bibliothèque". Je pouvais me promener à mon aise dans toute cette littérature. Tous les rayons m'étaient ouverts.

Pourtant, fouillant dans la bibliothèque, montant sur la grande échelle mobile qui permettait d'accéder aux ouvrages en hauteur, je m'aperçus un jour, avec surprise, qu'une seule des nombreuses alvéoles grillagées qui constituaient la bibliothèque était fermée à clef. J'en parlais à la bonne. Elle me répondit qu'elle ne savait pas, que les livres ne l'intéressaient pas, et d'ailleurs qu'elle n'avait pas le temps. Je n'avais qu'à demander à mon grand-père. Je le fis. Il me répondit simplement qu'il n'y avait là que des livres pour les grands et qu'à mon âge, ils ne pouvaient pas m'intéresser. Quand je serais plus grand…

Bien entendu, cela ne fit qu'exciter ma curiosité.

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