De Hamid à Laurent
Laurent ma passion
Mon bonheur se construit d'absences… Quelque part une détonation : la nuit promet d’être pesante, le vent s'est levé et souffle par rafales intermittentes… je suis vivant, j'ai vécu — des trouvères traversent mes rêves et la garrigue, mon âme ne peut négliger de rendre grâces à son admirable Laurent… Ce qui meurt c'est l'image collective du passé.
Car écris-moi plus souvent, je peux être violent… je n’ignore pas qu’il te plait que je meure de désir; mas agrada-us car me muor de desir. je n'ai pas pour ma femme la même passion…
Je relis indéfiniment ta lettre, je t’avoue, Laurent, que j'ai fait bien des fautes ; Laurent, je t’aime et t’aimerai toujours - j'imagine des piscines, des golfs, des jeunes gens qui bronzent mais je ne suis pas sûr d'être joyeux de mon rêve - quelles satisfactions ne me donnerait pas ta présence, je te suis toujours présent - tu ne connais pourtant pas pas mon coeur… je t’aime trop pour accepter de te perdre… l'amour, qui n'est jamais sans horreur de déplaire, me fait estimer que tu as pu changer… ne parle plus de raison. Prends-moi tout entier. Prends-moi sans te donner si tel est ta volonté - je ne passe que de mauvaises nuits, juge ce que tout cela peut faire sur un coeur qui n'est ni insensible ni ingrat - je ne fais pas de projets. je suis tout à toi.
Je ne bouge plus de Saint Aignan.
Hamid