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Écrits de Marc Hodges
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13 septembre 2008

Suffisance de la poésie

Paris, le 9 mars 1990
Du restaurant Le Batifol.

Des procédés.

Il faut surmonter de grandes difficultés  pour vivre dans ce monde réel impur, infidèle et médiocre. Heureusement, le vers permet tout.

Vous pouvez tout y déverser: attendrissements, amour, rires, hontes, larmes, douleurs, fantasmes, haine... Il n'a guère d'autre juge que vous-même. Mais une passion fait payer le plaisir qu'elle donne. Parce qu'il a cette faculté trop d'auteurs prétendus pensent que tout lui est permis. Un mot quelconque soigneusement posé au centre de la page leur semble, parce qu'il est "leur" mot, la quintessence même de l'écriture. Trois virgules jetées, un calembour, une accumulation de procédés quelconques (jeux graphiques, allitérations, jeux de mots...): la puissance de la poésie se caricature en la subjectivité de sa puissance. Si rien de ce monde n'a de valeur en dehors de la façon dont j'en souffre, ma catharsis de cette souffrance passe pour sa transmission. J'écris donc je suis mais je ne suis vraiment que si vous reconnaissez que j'écris, car ce n'est que par vous, hélas, que je suis vraiment.

Il s'agit avant tout d'écrire et d'affirmation de l'écrit. L'audace est indispensable : regardez-moi j'écris ; regardez-nous nous écrivons; regardons-nous écrire les uns les autres et peu, au fond, importe ce qui est écrit puisque ce qui, seul, compte est le spectacle des écrivants... L'écriture se fond dans sa mise en scène. Le théâtre de l'écriture n'est plus que décor, éclairage et déplacements, gesticulation visuelle, pantomime. Devenue association culturelle du dernier âge, la poésie a perdu la parole !

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