Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Écrits de Marc Hodges
Écrits de Marc Hodges
Visiteurs
Depuis la création 98 795
Archives
6 août 2008

Aparté

Je me donne le droit d’une parenthèse ou d’une aparté, peu importe la terminologie… Le problème essentiel que j’ai avec ce roman est celui de l’intégration en une seule pâte d’une multitude complexe de vies qui n’ont souvent entre elles que des relations fragiles, faibles, fortuites… J’ai choisi la vie d’un quartier mais ce choix, s’il me donne une certaine cohérence (il semble qu’une certaine cohérence soit toujours indispensable dans un roman alors même que — peut-être parce que…— la vie, dans son ensemble, et quel que soit l’angle sous lequel on l’envisage est plutôt incohérente, fragmentaire en dépit de la ligne impitoyablement droite du temps, décousue, faite de plus d’aléas et d’imprévus que n’importe lequel des récits. Il semble en effet que tout récit doive tendre vers un point qui lui donne une perspective. Or toute cette géométrie du texte romanesque m’insupporte, je voudrais un roman décousu, abracadabrantesque, fragmentaire avec des morceaux qui parfois se recoupent, parfois non, peut-être l’inverse de ce que la plupart des gens (les éditeurs notamment ces professionnels du formatage et de la réponse marketing à l’audimat de la lecture) attendent lorsqu’ils lisent (ou entendent) le mot roman. J’aimerais un roman qui soit à la fois le contraire de la vie (par le refus de cette flèche qui, de la naissance, va, rapide et inexorable, vers la certitude de la mort) en laissant toujours des aperçus sur autre chose, des possibles simplement esquissés, d’autres romans possibles que seul le lecteur peut écrire s’il le veut; et vraiment un roman, c’est-à-dire un imaginaire pur détaché tant de la contrainte réaliste qui fait toujours un peu scolaire (je vais vous apprendre ce qu’est la vie et vous faire voir ce que vous ne saurez pas voir par vous-même) et dérisoire dans sa simplification toujours abusive des représentations du monde. La poésie est plus apte à cela mais, trop attirée par les mots pour eux-mêmes, elle manque souvent de souffle. Je voudrais, non un roman poétique car cette expression renvoie trop à la description élégiaque, lyrique, romantique, mais un roman poésie qui se déguste par petites bouchées, peut se lire en diagonale (ou dans tous les sens), où le lecteur se perd, se retrouve, prend des chemins de traverse, ne sait plus où il en est… Mais je dois avouer que je ne sais pas toujours ce que je veux et que cette ignorance même est au cœur de ma tentative.

Publicité
Commentaires
Publicité
Derniers commentaires
Publicité