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Écrits de Marc Hodges
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16 juin 2008

Choisir

De toutes façons, comme dit je ne sais plus quel auteur contemporain, «il y a toujours un détail qui échappe…», le monde n’est fait que de détails, ça déborde de détails et l’écriture n’est pas faite pour ça, il faut choisir, toujours choisir et le choix est le cœur du problème car pourquoi choisir la pointe de la flèche de la cathédrale plutôt que la petite falaise calcaire que, d’ici, je vois sur sa droite et qui, pour moi, est aussi pleine de souvenirs puisque j’aime à aller m’y réfugier quand il fait beau et que je veux déguster la douceur amère de ma solitude. On ne la voit pas d’ici, mais je sais qu’il y a à mi-hauteur, accessible par une rampe très étroite donnant sur le vide qui décourage la plupart des gens, une petite plateforme où je peux m’allonger hors de toute vue (sauf celle des oiseaux, et encore…). Sur le dos, je regarde le ciel durant des heures, les dessins des nuages, les variations du bleu en fonction des moments de la journée, les vols des oiseaux (hirondelles, passereaux, autours, faucons…) qui l’animent un bref instant, parfois le petit avion de l’aéro-club qui tourne au-dessus de la ville… Ou encore la vielle ferme abandonnée dont on aperçoit les bâtiments entre les arbres, à la limite du désert du plateau dont il m’est arrivé quelquefois d’aller visiter les pièces à moitié ruinées… Pour choisir il faut un but. Si on a le but, alors la décision coule de source, mais sans but, pourquoi choisir, que choisir dans l’infini renouvellement des détails que ne cesse d’engendrer ce monde? Je ne sais pas. J’aimerais ne pas pouvoir le savoir, me laisser porter par le monde plutôt que m’épuiser à le fragmenter. Mon frère a peut-être raison, je ne rédige pas une rédaction, je n’obéis pas à la consigne. La consigne exprimée dit «décrivez ce que vous voyez de votre fenêtre» mais c’est impossible, alors il y a d’autres consignes — implicites celles-là, mais tout aussi impératives — comme: ne dépassez pas quatre pages, contentez-vous de banalités, l’essentile n’est pas ce que vous écrivez mais de ne faire ni faute d’orthographe ni faute de grammaire, donnez-vous un but. Facile à dire! Par exemple, «donnez-vous un but», comment se «donner un but». Je préfère que ce soient les buts qui se donnent à moi. Et quand ils ne se donnent pas, ou quand ils se donnent mais sont extérieurs au problème posé, par exemple «je vais rédiger ce texte pour: me désennuyer, faire plaisir à mon frère, vider tout ce besoin de parole qui me pèse et dont je ne sais d’habitude que faire, passer le temps, rien…», que faire alors? Alors, que faire?

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