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Écrits de Marc Hodges
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13 juin 2008

Course avec sacs

Wilfrid, Serge et Robert sont à la fenêtre de la chambre d’Armelle à l’hôtel du Roi Artus. Zabre les rejoint. Armelle fait les présentations nécessaires, élémentaires toutefois car, ne connaissant que celle de Zabre, elle ne précise aucune des professions. Ils s’installent tant bien que mal cahcun essayant d’occuper une part de l’espace restreint de la croisée ouverte, regardent.

Les concurrents sont sur la ligne de départ. Comme l’épreuve leur aurait été trop facile, on été éliminés au préalable les êtres jeunes, les adversaires ont tous plus de quarante ans. Quinze hommes, deux femmes (les maris n’aiment pas voir leurs femmes devenir la risée des voisins ou, dans les meilleurs des cas, être l’objet de regards concupiscents, aussi rares sont celles qui peuvent se présenter d’autant que l’église n’y est pas favorable ce que résume assez bien la phrase favorite du sacristain Petit: "la place de la femme est à l’alcôve".) Le vainqueur de la dernière course arbore fièrement une écharpe tricolore qui souligne un début d’embonpoint. Le curé s’approche, bénit les concurrents. Ceux-ci chargent alors sur leurs dos d’énormes sacs bourrés de papiers administratifs puis s’élancent pour leur premier tour de place. Le parcours est semé d’embûches, chausse-trapes, clous, mines antipersonnel, chevaux de frise… qui suffisent à éliminer nombre de candidats. Ceux qui tombent sont, sans aucune pitié, piétinés par leurs adversaires, parfois même achevés par des spectateurs trop enthousiastes dont les actions provoquent des hurlements de satisfaction de la foule. Un vieillard écrase, en souriant, d’un coup de talon, le crâne d’un des adversaires peu expérimenté qui, pour se relever, croyait en son aide. Une des femmes, écrasée par le poids de l’administration s’effondre devant une mère de famille qui l’achève à coup de manche de son parapluie, une autre, prise en traître par le croc-en-jambes d’un des coureurs, s’écroule dans une des flaques de boue et de lisier abandonné sur place par les marchands de cochon. Des enfants lancent toutes sortes de projectiles: bogues de châtaignes, marrons, cailloux, boîtes de conserves vides, canettes de bière; des sacs s’éventrent déversant sur le parcours leurs déclarations d’impôts, de patentes, de TVA, de mariage, de divorce… le parcours que le marché avait laissé boueux devient de plus en plus glissant et imprévisible.

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