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Écrits de Marc Hodges
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9 mai 2008

Au sommet de la Garde, 16 heures 15

Son oreille se tend dans le silence sur un vide en lui qui n'a, soudain, aucun écho; quelque chose vacille en lui, qui touche aux racines mêmes de sa vie, Bréauté mène ainsi des rêves d'enfants qui ne demandent qu'à devenir actifs, pense n'avoir jamais été empli de mouvements plus doux. Quelque chose le porte en avant. La nature, qui a choisi mollesse et douceur, sait parfois devenir rages et ruptures. Il ne peut comprendre que ce qu'il possède vraiment. Lui viennent à l'esprit des expressions stupides et rabâchées: "mer herbeuse, vallonnements tranquilles, houle des collines, bois…". Il va, aimerait que la vie à la campagne, par sa monotonie, rende heureux car il ne vit que s'il relie; il veut créer un monde devant lequel s'agenouiller. Ce pays est libre et sauvage. Bréauté sait le nom et le prix de toutes les choses, tout ce que chacune exige pour s'épanouir. Trop de mots. Dans les lointains tremblés de soleil du plateau, le sol est d'une grande pâleur, tous les tons exténués s'étalent ici à perte de vue. Ocre-vert. Rochers, buissons enlacés. Bréauté accuse le ciel, l'horizon, accuse l'espace, respire, voudrait que la vie circule en lui avec une plénitude insoutenable, qu'elle y dessine des mouvements anonymes. Durée, pierres, églantiers. Il endosse un à un les vêtements de l'air pur, aspire goulûment l'air sec. Des ombres rapides et brusques courrent sur les herbes sèches. La lutte contre le désordre est une conquête de chaque jour. L'image du petit garçon à culottes courtes qu'il était courant avec délices sur ces terres d'herbes rèches brouille le regard qu'il porte sur le paysage. Il se peut que passé et présent occupent le même espace. A l'orée des vallons l'air hésite. Il fuit et vit. Quelques pins solitaires torturés par la chaleur, le froid et le vent rappellent les rigueurs extrêmes du climat. Bréauté en appelle à sa langue, aux mots que dit le sol, il désire pourtant ces lieux muets, fermés sur eux-mêmes. Bonheur, temps et sourires, il bégaie dans son silence. Son âme exulte de se sentir si proche de son retour. Son regard n'a pas changé.

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