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Écrits de Marc Hodges
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10 avril 2008

A l'a-pic de Meyrueis, 14 heures 20

La route va quelque part; tout au moins il la voit s'en aller pendant quelques temps… Seul le ciel peut ici avoir une couleur si franche. Il entend la paix effroyable du paysage. Ses rêves se mêlent à la réalité. Bréauté sait trop de choses qui ne comptent pas, le sens de la vie lui paraît quelque chose de très lent; il voudrait une langue qui aurait la rudesse, l'impolitesse, la rugosité des pierres, il aime les mots lavés par la pluie, usés par le soleil.  car ce n'est pas la mort qui fait problème, mais la vie. Sa destinée lui laisse du temps. Un peu plus, un peu moins, c'est beaucoup, c'est même l'essentiel. Dans ce total isolement, il éprouve un sentiment étrange de sécurité, rêve de désordre. A nouveau, il est face à des problèmes sans énoncés. Toute la lignée de ses ancêtres s'agite toujours en lui, insiste pour venir au jour, résiste à l'oubli de cette terre, ses pensées vont toujours à leur rencontre… Toute son histoire personnelle n'occupe que trop peu d'années. Il lui est difficile d'admettre que des changements aussi ténues en viennent à changer le goût même et la saveur de l'air qu'il respire, à faire battre son sang plus vite… La solitude lui monte à la tête, la voix de la beauté lui parle tout bas, l'éternité semble amoureuse des travaux du temps.

Bréauté a appris à attendre, à s'attendre. Il a l'habitude de ces soubresauts. Tous ceux qu'il a aimé autrefois continuent à hanter ses rêves, fortifier ce dont il se souvient. Il se sent tout à fait à l'aise dans le tricot de sa solitude. Il devait pourtant exister autour de lui une trace de son passé qui lui serait accessible!… Le monde est au bord de lui-même. Les friselis de l'air lui semblent parfois des souffles. Ici, le rythme du temps n'a jamais changé. Il se demande si le pessimisme existe vraiment, imagine que rien ne vaut vraiment la peine. Il s'avance, attend, hésite encore. A quoi bon se souvenir et désirer?

L'air est frais et léger comme une eau fine.

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