Esquisses

Wilfrid a un gros chien noir qui le suit partout, se nourrit de poubelles et de chats, qui pue horriblement et pète sans arrêt.

C’est le… que … atterrit chez Wilfrid. Bien sûr ce n’était pas la première fois qu’il racolait ainsi des soiffards perdu et aussi malheureux que lui, car il ramenait souvent des clochards inconnus qu’il hébergeait quelque temps dans sa caravane, mais… Curieusement c’était le lendemain de l’inauguration de l’autoroute qui ferme le camping comme si cet individu avait attendu une voie à sa mesure pour pénétrer dans le quartier.

La maison de La Beude est mitoyenne d’un autre pavillon tout aussi minable, les bruits de l’une passent dans l’autre d’autant qu’il y avait eu autrefois entre eux une porte, au niveau de sa chambre, maintenant dissimulée sous du papier peint. De l’autre côté de cette porte est la chambre d’un vieillard cacochyme et La Beude, toutes les nuits, l’entend rôter, tousser et, ce qu’elle trouve encore plus insupportable, pisser debout dans un vase de nuit. Elle entend ainsi quand ce vase est plein, quand il est vide, quand il est à moitié plein et pourrait décrire la vigueur du jet d’urine du vieillard.

Une caravane du camping où vit Wilfrid est le refuge des petits truands du quartier coincé entre l’autoroute et les voies de chemin de fer de la gare de triage.

La patronne du café où Wilfrid va le plus volontiers a des cheveux secs comme une poignée de foin, vaguement retenus par quatre épingles.

Au bistro, un jour, sans raison apparente tout bascule et la fréquentation quotidienne, plutôt calme, se transforme en scène de pugilat.