Le quartier de Wilfrid d'Eurymédon

Tout au long du récit, le quartier où vit Wilfrid est peu à peu abattu par l’espèce de grosse boule noire marteau montée sur une grue. Le trajet de ces destructions structure le récit. Pour cette raison il faut reprendre relire le début ajouter un paragraphe préliminaire décrivant une de ces démolitions.

Autres éléments du quartier où habite Wilfrid: une autoroute, une gare routière, un petit restaurant routier plutôt minable où il va parfois traîner ses guêtres en espérant se faire offrir un coup à boire, un asile de l’armée du salut (ceci pour multiplier les lieux de rencontres de gens modestes, déshérités, même plutôt paumés et en déplacement : un camp de gens du voyage ne dépare pas la situation). Wilfrid est le centre, témoin, non intervenant ni participant, un œil, une oreille… mais sa vie est sans cesse modifiée et orientée par toute cette agitation alors qu’il est persuadé d’en sortir indemne. C’est un témoin mais partial car il prend parti — intérieurement — sa vie est l’histoire de ce témoignage, un parcours de ratage en ratage, de velléités en tentatives avortées. Wilfrid se laisse faire par la vie, il n’est qu’une trace de la vie des autres.

Penser aussi à la vieille dame aux jambes et pieds rouges vif, enflés, énormes qui lui donnent une allure de pachyderme et qui est obligée de couper les talons de ses chaussures, de ses chaussettes, de ses pantoufles pour pouvoir les mettre. Elle traverse la vie de Wilfrid sans qu’il se sente vraiment concerné mais elle est toujours là quelque part, visible-invisible, quand il se passe quelque chose.

Autre personnage (tous sont empruntés à des moments vécus, réels même s’ils paraissent plus improbables les uns que les autres…): le clochard, sexe à l’air, à la gare routière, sans gêne ni exhibitionnisme, très naturel, un sexe n’est qu’un sexe et qui allant pisser contre un des arrose abondamment sa main et ses jambes.