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Écrits de Marc Hodges
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24 novembre 2007

Histoire de l'instituteur (5)

Réfléchir sur mon premier début d’œuvre me conduisit à examiner en profondeur les buts que je visais ainsi que les moyens que je devais utiliser pour y parvenir. J’avais déjà décidé d’offrir un homme aux hommes. Cette offrande, si riche et si rare, ne pouvait, sous peine de passer inaperçue, donc de manquer son propos, s’accomplir de façon trop modeste. La littérature étant ce qu’elle est, je devais, au préalable, surprendre mon lecteur pour le contraindre à me prêter quelque attention et, peut-être, aller plus avant dans la voie d’une découverte de ma parole pour, sous le vernis de scandale, retrouver la nudité d’un individu, par là sa nature propre (le nombre d’incises et de subordonnées de mes phrases étant, dans cette situation, destiné à provoquer des arrêts linguistiques pour solliciter son attention). Malheureusement, cette décision m’amenait vers une imitation gênante de quelques chefs-d’œuvres connus — même si certains d’entre eux me paraissaient surévalués —Rabelais, Rousseau, Miller, faisaient partie de ces références que je ne pouvais ignorer. Rabelais avait l’avantage de mieux convenir à la pudeur naturelle de mon tempérament, une reprise moderne de ses exagérations épiques pouvait aussi ne pas entraîner d’accusation de plagiat… J’optais donc d’abord pour la truculence.

Ma décision prise, encore fallait-il trouver le prétexte qui l’autorisait. A partir de quel épisode de mon existence somme toute limitée, seule documentation sur laquelle je pouvais travailler avec honnêteté, me serait-il possible de partir en croisade? La guerre. La guerre s’imposa. En 1939, j’avais seize, un âge sensible, celui des révoltes. Trop jeune pour être mobilisé, je ne l’étais plus en 1941 pour être envoyé au STO. Ma famille décida de me cacher pensant que son village perdu offrait à ses habitants un refuge sûr. Cette décision me conduisit tout naturellement à mener quelques petites actions de résistance, notamment un jour, presque héroïque, me permit d’exercer, dans cette nouvelle direction mes talents littéraires.

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