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Écrits de Marc Hodges
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28 février 2007

Errance

Dans le lointain, un troupeau de moutons se confond avec les pierrières : toute joie veut l'éternité de toute chose, chacun ici se sent important et unique au risque d'en mourir. A nouveau, André Pagès est face à des problèmes sans énoncés.

Un petit oiseau vole devant lui, pas plus gros qu'une tâche d'ombre sous l'une quelconque des fleurs du paysage. Il marche dans la mort, cherche désespérément des traces de vie vrai. L'herbe est fourmillante de soupirs. Tout ce qui est inquiétant dans l'avenir est plus familier et plus rassurant que le présent. A-t-il encore un but? Les rencontres se réduisent à peu de choses, parfois un chercheur de champignon silencieux, quelques oiseaux lointains, au détour d'un bosquet un écureuil fuyant sur une branche, un lapin de garenne affolé… Il va falloir quitter tout cela. Le sens de la vie lui paraît quelque chose de très lent. Il connaît l'orgueilleuse solitude que figure l'isolement presque absolu du plateau. Il y a là quelque chose de précaire, d'incertain. Il fuit soigneusement les rares silhouettes humaines qui s'esquissent dans la nature. La vie, la mort, l'absence, la présence… La présence ?…

Il aimerait bien, sur tout cela, avoir quelques certitudes, ne trouve que des questions insistantes. Il estime qu'il a droit à tout, fait de vagues projets : il s'agit de prendre du recul, de laisser, devant soi, se dérouler l'espace et la durée. Le monde est à l'extérieur, ailleurs…

Cette immobilité des choses, cet ennui harmonieux, cette monotonie ont pour lui un charme, une douceur profonde qu'il ne saurait oublier. Sur sa droite, une vieille bergerie éventrée expose la voûte étonnamment grossière de son toit de grosses pierres. Il jette des pierres dans les buissons de genévriers. Il a le désir de voir arriver quelque chose, pense n'avoir jamais été empli de mouvements plus doux, rêve orages, tempêtes, tornades, dévastations. A-t-il encore un but ? Il rêve à ces nuits où l'épervier de la lune surveille le matin. Il est devant la campagne.

Unir le présent éternel et l'histoire est son vœu.

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