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Écrits de Marc Hodges
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17 octobre 2006

Dans la merde

Nous étions partis avec la patrouille des routiers faire le gouffre de Varazoux — une bouche ouverte profonde de quatre ou cinq mètres et qui se prolonge par un étroit boyau où l’on ne peut passer qu’en rampant l’un derrière l’autre à plat-ventre. Ceinture attachée à une corde, c’est Matabiau qui est passé le premier ; il devait donner deux secousses pour signaler qu’il avait franchi l’étroiture. Il est passé ; Meyrueis l’a suivi. Il est passé lui aussi. Ce fut mon tour : je me suis engagé bras en avant dans cette espèce de tripe gluante d’argile ; une impression assez désagréable, on aurait dit de la merde avec une odeur différente. Arrivé au milieu du conduit, j’avais avancé de deux mètres environ, j’entends Matabiau qui hurle: «N’avancez plus, restez où vous êtes !». Il est marrant Matabiau, on voit bien que ce n’était pas lui qui se vautrait dans cette fange sans pouvoir lever la tête de plus de cinq centimètres, gêné par le casque, la chaleur du brûleur d’acétylène, etc. Et il ajoute : «Faut descendre un autre puits, mais avant faut étayer quelques rochers branlants, dites aux autres de couper de grosses branches et de nous les faire passer». Le ton était impératif, on ne discute pas les ordres d’un chef de patrouille. Je tire trois fois sur la corde, on me retire comme un lavement. Je donne la consigne et nous allons couper une dizaine de branches… Jusque là, ça allait, j’étais tout argileux, mais ce sont des choses qui arrivent même dans des circonstances bien différentes comme un match de foot, de rugby, ou après une chute malencontreuse lorsque l’on rend visite à de la famille, aux parents qui ont des fermes (surtout qu’une des spécialités de Théodose, mon plus jeune frère, est de faire des croc-en-jambes lorsque le terrain est bien glaiseux — le salaud m’a fait abîmer ainsi au moins deux costumes ; il est vrai que je me suis discrètement vengé en sabotant quelque peu son vélo ! Mais ça… c’est autre chose).

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