Libération s'efface
«Libération fond» dit Thomas désignant
de son verre le losange rouge de la lettre mouillée par les glaçons,
«Libération ?» «Le logo de Libé !». Il dégustait son Lagavullin,
«Pourquoi pas ?». Aux endroits mouillés, des lettres apparaissaient.
Peu distinctes d’abord, puis de plus en plus lisibles.
Ludovic
prit un glaçon, en frotta la feuille. Effacer le losange rouge révélait
un texte manuscrit d’une écriture maladroite, tremblante, presque
apeurée. «On dirait une écriture de gosse… bizarre ce truc, ça doit
encore être une pub !» Rien n’était vraiment lisible. On aurait dit un
code. «Strange, dit Thomas transcrivant la première ligne, regarde». Il
avait recopié le texte suivant :
«toubuauqsujrellaanoitacovateeega26penu0107200515110617».
Ludovic
vérifia. Mise à part une hésitation sur les 5 qui auraient pu être des
6, le déchiffrage de Thomas était correct. «Ouais… c’est une connerie…
ou c’est sérieux».
Thomas comptait les lignes : «Dix huit,
aucune compréhensible… un drôle de truc !» «Aucune n’est lisible.» «Le
mieux est de rendre ça à son destinataire, tu crois pas ?» Thomas
transcrivait une autre ligne :
«sennosrepederbmonniatrecnuemrofn19egal0107200507051600»
«A
mon avis, dit-il se resservant trois bons doigts de whisky, c’est un
code.» Il avait peut-être raison. Mais alors si c’était un code, son
contenu devait être sérieux. Il y avait peut-être du fric à faire avec
ça; en cette période de recherche frénétique de millions, ne pas
vérifier serait trop con.