Le rêve parasite la mémoire (Roberte et Argencourt 06)
il y a du silence pensées bourbeuses
encore et bourbeuses et bourbeuses réfléchir sans efficacité ne pas
comprendre le sens premier des mots signification du poème signifier
percevoir dans les messages une allusion ironique plaisirs manqués
oubliés censurés peut-être même lutte rejet refus de la réalité
pornographique souvenir ne pas avoir la mémoire des noms ne pas avoir
la mémoire des visages oublier l’existence des autres certitude d’une
possibilité possibilité d’une certitude penser ne pas avoir perdu le
souvenir des désirs plaisirs non-plaisirs présence physique d’un Christ
dominant le lit dans cette chambre absence d’excitation craindre être
persuadé d’un risque de blocage sexuel chercher à se libérer ne rien
expliquer
Essayé de reconstituer les visages: trois femmes,
deux hommes. Me voyais vaguement boire avec eux, rire mais cette scène
se coulait dans le rêve qui avait clos ma nuit: une clocharde — dont
je savais avec certitude qu’elle se nommait «la marquise» — et un
clochard ouvrant une bouteille de champagne dans un bar. Je parvins,
sans savoir au juste qui il désignait, à faire émerger un prénom: «Constantin».
Main légère caressant ma cuisse? N’étais sûr de rien.
Rien que la mémoire d’une perception sonore, sensation déconstruite de
quelque chose que j’aurais vécu à un moment ou l’autre…
Ce qui
ressemblait le plus à un vrai souvenir était ce regard qui me
fascinait, noir, profond, insistant, expression pure du désir. Pour
autant je n’aurais su dire s’il avait vraiment été.
Rien d’autre. Le rêve parasitait ma mémoire.