Mas Saint Chély, 19 heures 05

Frémissement des ombres…

L'air demeure toujours libre. La campagne est comme un soupir dans le silence… Le chemin rouge ouvre sa cicatrice dans le paysage; plantes rases, arbres épars, quelques bosquets, la mise en espace joue sur des variations fragiles: il se demande si les personnages qu'il rencontre ça ou là sont des ombres ou des êtres réels. Le soleil semble en mouvement... Il n'y a que lumière sur les prairies; la lourde dalle ocre, frustre, d'un menhir signe cette terre de sa lourdeur… Les prairies sont minuscules et précaires ! La terre saigne de la terre grasse… Les pierres innombrables sont autant de complices à sa volonté de silence ! Dans les buissons épars s'agite le vert tendre des mésanges, la végétation est pauvre, rare... Une vibration se concentre dans toutes les parties de l'air.

Rien ne parle, ni le vent, ni les arbres, ni la terre: aussi loin que le regard peut aller il n'y a plus rien qu'une herbe grise plus dure que le jonc et ce frémissement inquiet des ombres.