12 heures : Cabrières
Rien
ici ne lui est étranger : "Conservez-moi cette terre, juste ce qu'il
faut pour que j'en jouisse en solitaire !" La plupart des événements
sont indicibles. Il ne s'oublie pas, est en possession de lui tout
entier ; en cet instant unique, il est égal à lui-même. Genévriers, il
s'étonne. Dans les sons infimes, presque imperceptibles du monde, il
reconnaît la présence obsédante de voix déjà perçues. L'exaltation que
provoque en lui la profondeur orgueuilleuse de sa solitude est
contaminée par la certitude de l'ennui qu'il éprouve à vivre. Il se
tient dans le silence devant cet arrangement qui est fait depuis
toujours. Il suffit qu'une voix vienne pour que tout le reste soit
oublié. Il poursuit sa route, sans but véritable ; il marche… Il
aime les mots lavés par la pluie, usés par le soleil. Un oiseau dans
l'air serait le bienvenu ! Une ombre courant devant lui, sans qu'il en
voit la cause, sur la route blanche et déserte au soleil, le fait
tressaillir.
La plaine ne se termine qu'au ciel.