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Écrits de Marc Hodges
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25 mai 2014

une commodité affective

X-Sender: jbalpe@mail.away.fr
Date: Tue, 3 Jul 2001 18:38:48 +0200
To: Balpe Jean-Pierre <jbalpe@away.fr>
From: Jean-Pierre Balpe <jbalpe@away.fr>
Subject: Mail-roman "Rien n'est sans dire", courrier N° 84
 
Nous nous faisons mutuellement violence : moi en vous imposant ces confessions dont vous ne vouliez pas et vous, par vos réactions, me mettant face à la motivation réelle de cet échange. Il nous faut en sortir…
 
« Reply-To: "Thomas Duponcelle" <duponcelle@libero.es>
From: "Thomas Duponcelle" <duponcelle@libero.es>
To: "Jean-Pierre BALPE" <jbalpe@away.fr>
Subject: Tes mails…
Date: Mon, 1 July 2001 18:23:16 +0200
X-Priority: 4
 
J’ai lu tous tes trucs. Depuis le début. J’hésitais à écrire, mais basta. Ton trip est trop… trop naze. En plus il schlingue vrai. J’aurais été branché par quelque chose de plus cool avec des meufs, du cul, du baston… Que ça swingue. Bon, ça va… T’a pas choisi ta vie de con : j’insiste quand même, au fond, ça me change… »
 
Je n’ai jamais été doué ni pour le bonheur, ni pour l’amour. Pour l’amitié ?… Stanislas mis à part, Je crains n’avoir jamais eu d’ami véritable. De nombreuses connaissances, de multiples fréquentations, d’innombrables relations de travail : de quoi grignoter mes heures. Suis-je aussi désespéré que Babour ?
 
« Je n'ai trouvé d'autre fidèle amour que celui de mon âme, d'autre lieu où cacher mes secrets que mon cœur. Enfouie dans mon cœur, je n'ai trouvé, d'autre âme que mon âme d'autre cœur arrêté que le mien… Qu'y faire ?… Je n'ai pas trouvé de rencontre. Apprends, Babour, à vivre sans amour : parcourant l'entier du monde, je n'ai pu trouver mon amour. »
 
D’ailleurs, si j’y réfléchis, je suis même incapable de me donner la définition d’un bonheur à atteindre…
Ce lecteur agressif, Thomas Duponcelle, me renvoie à un autre Thomas — Thomas Thieverval si je me souviens bien, un ingénieur en informatique embauché par Stanislas autour de 1983 ou 1984. Il avait à peu près notre âge et, parce que Stanislas voulant donner à son entreprise une allure jeune et dynamique avait créé en son sein un groupe de VTT, participait à nos sorties dominicales autour de Paris. Jeune méridional jovial, il s’ennuyait un peu dans la capitale où il ne connaissait personne et avait fini par faire partie de notre paysage affectif : il venait parfois boire un verre chez moi, allait à l’opéra ou au théâtre avec ma femme lorsque j’étais absent — peut-être même davantage mais jamais je n’ai voulu savoir…—, venait avec nous au cinéma ou au restaurant. Je ne crois pas cependant qu’il y ait eu entre nous une véritable amitié. Disons qu’il représentait une commodité affective : toujours disponible, il était celui dont le nom venait spontanément aux lèvres lorsque l’on cherchait quelqu’un pour combler un vide… Un jour, nous avons reçu une lettre de lui, inquiétante : il disait devoir disparaître… Il en savait trop, mais ne nous disait pas sur quoi ; il disparut… Sa famille fit faire une enquête qui n’aboutit à rien… Je l’avais oublié mais aujourd’hui ne peut m’empêcher de me demander si cette disparition n’était pas un premier avertissement.

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