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Écrits de Marc Hodges
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2 septembre 2011

Germaine et Jean-Pierre

« Souvenez-vous toujours, Jean-Pierre, que j'ai manqué de pouvoir,  non de volonté, je ne m'attendais pas à vous écrire encore et encore! Cher Jean-Pierre: je voudrais construire un univers devant lequel m'agenouiller: acceptez donc de me voir parfois - serais-je constamment dans des menaces de vous perdre! Pourquoi votre bonté se dément-elle de temps en temps, je suis incapable d'imaginer un matin sans vous... Je vous aime trop pour accepter de vous perdre! Ne doutez pas que lorsque le hasard nous rassemblera à nouveau, je ne vous donne les preuves les moins confuses de mes sentiments, mais qu'il est difficile de haïr celui qu'on aime - je vous en prie écoutez mon tourment... Mon âme est soucieuse et agitée; il m'est impossible de vous parler sans vous dire que je vous aime; croyez moi digne de votre confiance... « Sempre mi siete presente, sempre vi veggo, sempre vi dico tante, tante cose, tutte al vento, tutti! »

Sans vous je n'ai point de jouissances - trop profondes, les vallées sont autant de frontières à mes mots…

Je n'ai plus assez de mon âme elle est toute à vous. »

« Le parc du château est plein d'amoureux; ce que vous lisez est une image de ma vie; des garçons jouent: Fontainebleau nous regarde: souvenez-vous, Germaine, que j'ai manqué de pouvoir,  non de volonté, mon ambition est sans réponse; je n'ai pas choisi mon destin. L'amour, qui n'est jamais sans angoisse de déplaire, me fait considérer que vous avez pu changer: j'accepte la part que vous m'offrez. L'approche du silence fait naître la parole; il y a quelqu'un d'instable en moi. Je vous aime trop pour risquer de vous perdre; ce n'est pas en cessant de me faire souffrir que vous pourrez obtenir ma haine: au bord du Grand Canal la tête d'un poète mort fait une fontaine: sans vous les carrefours du parc sont inhabités. Il y a trop longtemps que je ne vous ai vue! toute mon histoire n'occupe que trop peu d'années…

Je ne vous ai jamais tant souhaitée ainsi n'oubliez pas. »

Germaine et Jean-Pierre, une histoire banale car toutes les histoires d’amour se ressemblent même si chacune d’entre elle est vécue comme différente par ses protagonistes. Aucune vie n’est originale car depuis le début de l’humanité se renouvellent en boucle les mêmes incertitudes, les mêmes joies, les mêmes tragédies. Quelle que soit la façon dont on regarde l’humanité, il n’y a ni passé ni avenir car, à de petites différences locales prêt, tout, toujours se répète et se ressemble. Que Germaine soit tombée amoureuse de Balpe, qu’elle est laissé à ce sujet un manuscrit copieux n’a pas grande importance: c’est toujours le sexe — le mélange des sexes — qui parle et commande. Leur période d’approche et d’apprivoisement n’a pas duré longtemps: c’étaient des adultes, des adultes ayant déjà vécu et des adultes consentants. Balpe a plu à Germaine, elle ne lui a pas déplu. Il a senti qu’elle s’intéressait à elle et comme sa vie était plutôt solitaire, l’intérêt qu’elle lui manifestait était plutôt flatteur. Il n’a pas résisté. ou plutôt, comme Germaine n’était pas maladroite, elle lui a laissé croire qu’elle ne pouvait lui résister: ils n’ont pas tardé à coucher ensemble.

La première fois, ce fut un peu exotique. Comme elle lui avait laissé entendre qu’elle ne connaissait pas bien la forêt mais qu’elle serait cependant ravie de faire avec lui une promenade à cheval, il la conduisit dans une zone qu’il savait très sauvage où, sous prétexte, de se reposer un peu et lui offrant une boisson qu’il avait emporté dans une musette, ils attachèrent leur chevaux à un arbre et s’assirent, puis s’allongèrent sur une plaque de mousse qu’il connaissait entre deux rochers. Aucun des deux n’avait envie de résister: des manœuvres d’approche ne furent pas nécessaires. Comme des adolescents, avec la même hâte brouillonne, la même fougue, la même ardeur, la même chaleur, ils firent l’amour au chant des oiseaux se sentant soudain redevenir jeunes ce qui leur fut une révélation.

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