Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Écrits de Marc Hodges
Écrits de Marc Hodges
Visiteurs
Depuis la création 98 775
Archives
6 février 2011

Discussion dans le parc

Nous avons marché le long du Grand Canal, traversé l’avenue des Cascades. Avant d’entrer dans le jardin du Grand parquet je lui ai montré la statue de Socrate enlaçant — sans ambiguïté aucune sur la nature amoureuse de leur relation (je pensai ainsi entrer insensiblement sur le territoire du désir) — un de ses élèves. Traversée du château. Je m’efforçai de l’éblouir de mes connaissances et le château m’était ainsi un complice dans une démarche qui commençait à se vouloir de séduction. Elle se laissait faire, ne manifestait aucune surprise, semblait même prendre un réel plaisir à ce jeu. Je pense que, dès ce moment-là, aussi bien que moi, elle savait vers quoi nous menait cette promenade. Mais il aurait été trop tôt de se l’avouer ouvertement. Le jeu de la séduction a ses charmes. J’aimais le jouer. Elle aimait le jouer avec moi. La durée ne comptait pas, seules importaient ces longues minutes de plaisir subtiles et délicates qui, précédant les violences du sexe, préparent les esprits à l’acceptation des appétits des corps. Pour parcourir les deux kilomètres qui séparent le lieu de notre rencontre du café vers lequel nous allions, nous avons mis à peu près une heure. Mais de cette heure aucune seconde ne fut inutile.

Nous savions bien tous deux que ce que nous disions était beaucoup moins important que le fait même de le dire

Gilberte, avec ses vingt-cinq ans, était une jeune fille de bonne famille venue à Fontainebleau pour suivre, à l’école de commerce, une formation de marketing. Son père était un petit industriel de la région qui comptait bien lui faire assurer sa succession

Je n’en savais rien alors et ne pouvais me douter, en prolongeant agréablement une discussion vide avec une jeune femme au bord du Grand canal du château de Fontainebleau, à qui je parlais. Elle m’apprit qu’elle faisait des études. Je lui dis que j’écrivais. Elle m’a dit que ses études ne la passionnaient pas vraiment mais « qu’elle voulait faire plaisir à son père… et lui prouver qu’elle en était capable. » En fait elle rêvait aussi d’écrire. Je la félicitai pour cela. Elle me demanda par qui j’étais publié : j’ai menti, dit que je n’avais rien proposé encore à des éditeurs attendant d’avoir terminé quelque chose d’assez solide. Elle me dit : «J’aimerais bien lire ce que vous écrivez !» Moi: «je ne voudrais pas vous ennuyer…» «Ça ne m’ennuiera pas…» J’ai mesurai le risque: si elle n’aimait pas mes textes, notre rencontre se terminerait certainement là, car je sentais que le côté un peu romantique de cette rencontre ne pouvait que se fracasser sur les duretés du réel. D’un autre côté, je voulais la revoir. J’ai dit: «d’accord, je vous montrerai quelque chose, mais promettez moi d’être sincère !» Elle promit

D’une certaine façon j’assumais le risque.

Publicité
Commentaires
Publicité
Derniers commentaires
Publicité