Roberte et Jean-Pierre Balpe
L’amour de Jean-Pierre Balpe et de Roberte a été
un amour passionnel. Un feu de paille peut-être, mais celui d’une
grange entière.
Ils étaient
tous deux comme des adolescents, avaient toujours envie de se toucher, de se
sourire, de se prendre par la main. Ils semblaient devenus stupides comme s’ils
n’avaient
rien appris de la vie (il avait pourtant plus de quarante ans et elle
trente-sept ou trente-huit, je ne sais plus bien ?) Stupide.
Stupide comme tous les amours qui laissent croire que plus rien ne compte, que
le monde s’arrête
de tourner, la vie de jouer ses comédies perverses…
Stupide. C’était
comme ça.
Leurs corps, leur sensualité dominait tout de leur raison.
Mais, faute de matériau, les incendies s’épuisent.
ça
dura cependant plusieurs mois. Le feu se calma soudain. J’ignore
s’il
y eut une raison, un événement extincteur à eux-mêmes ne s’en
rendirent sûrement
pas compte… mais, assez rapidement, ils n’éprouvèrent plus le même
plaisir à
échanger,
les yeux dans les yeux, les mêmes banalités.
Il la faisait moins rire ; elle l’agaçait un peu avec ses perpétuelles
exigences implicites ; ils n’avaient plus rien à
découvrir
de leurs corps ; leurs sens aspiraient à autre chose…
Une période
un peu pénible
car aucun d’eux
n’osait
dire à
l’autre
ce qui se passait en lui. Aussi, ils jouaient la comédie. Mais c’étaient
de piètres
acteurs.