Retour à la pension Peirse
— XLVIII —
Montréal, vendredi 25/12/2015, 08:52:39
Vers neuf heures, comme
prévu, l’inspecteur Jim Buchanan, rasé de frais, chemise et cravate de soie
neuves, ravi d’échapper aux bruyants réveils d’un matin de Noël est passé en
banlieue chercher sa collègue Karine Leknar. Une demi-heure après, ils sont
devant le perron de style anglais de la pension Peirse. Aucune des
traditionnelles guirlandes de Noël qui ornent d’habitude les portes. Ils
sonnent. La même jeune femme d’origine tamoul qui les avait accueillis lors de leur
dernière visite leur ouvre la porte. Elle les reconnaît aussitôt :
- La police… vous revenez
nous voir, un matin de Noël?
- Pas le choix, répond
sèchement Buchanan, pouvons-nous entrer?
- Je vais demander à
Monsieur.
- Il sera d’accord, dit
Buchanan, forçant le passage. Où est-il?
Derrière la porte vitrée,
à gauche de l’entrée, une voix faible, chevrotante:
- Pat, que se
passe-t-il?
- Ce sont les policiers
de l’autre jour, Maître, ils veulent vous voir !
- Qu’ils viennent !
La jeune bonne s’efface.
Karine Leknar ouvre la porte, regarde attentivement l’écusson en vitrail qui
l’orne. Pas de doute, c’est bien le même motif que celui du médaillon du crime.
Mais elle ne s’y attarde pas, entre suivie de Buchanan. Dan Peirse, comme la
fois précédente, est enveloppé dans son vieux plaid, assis sur son fauteuil. La
pièce, surchauffée, est dans la pénombre.
- Bonjour, monsieur
Peirse, dit Karine Leknar, désolés de vous déranger aujourd’hui mais les
événements s’accélèrent. Nous avons absolument besoin de quelques
renseignements. Vous avez bien sûr appris la mort d’Alexis Jonak ?
- Oui, vos services m’ont
téléphoné. Ils m’ont posé quelques questions.
- Nous sommes au courant,
dit Karine Leknar. Vous avez déclaré que vous ne saviez rien, qu’Alexis Jonak
n’était pas rentré de son travail et qu’il ne vous avait pas prévenu.
- C’est ça, dit la voix
tremblante du vieillard. Vous savez mes pensionnaires sont libres de faire ce
qu’ils veulent. Du moment qu’ils paient leur mensualité d’avance !
- Nous aimerions quand
même vous poser deux ou trois questions, si vous permettez… Interroger aussi
vos autres pensionnaires ?