Parler d'autre chose
Passons à autre
chose. La vie est intéressante en soi: elle ne cesse d’introduire des
surprises. En ce moment je lis Paul Auster et ne peux résister au plaisir de
citer un passage de La chambre dérobée : "Je ne veux pas revenir sans cesse là-dessus.
Mais les circonstances dans lesquelles les vies changent de cours sont si
diverses qu’il paraît impossible de dire quoi que ce soit sur un homme avant sa
mort. Non seulement la mort est la seule véritable pierre de touche du bonheur
(ainsi que le remarque Solon), mais c’est le seul critère qui permette de juger
la vie elle-même." Or je ne souhaite pas mourir encore ni ne veux la mort de JPB…
Je ne jugerai donc pas au bénéfice du doute. Il vaut mieux l’oublier et parler
d’autre chose : de Germaine par exemple, de Bréauté, de Norpois ou de Roberte.
J’ai connu Roberte,
la sœur de Saint Loup, il y a presque trente ans, sur une plage de Normandie
alors qu'elle n'était encore qu'adolescente. Une grande et belle jeune fille,
spencer de percale écarlate, qui marchait sur la promenade, le silence était
presque absolu, la lumière tombait sur elle, l'entourait comme si elle était la
cible d'un projecteur… Elle n'ignorait pas que les regards masculins la
suivaient sur son passage, portait dans le regard ce trait différent et
momentané qui traçait dans ses prunelles comme le sillon d’une fêlure et qui
provenait d’une pensée que quelques paroles à leur insu avaient agité en elle,
elle était très fine, très élancée, semblait parfaitement à l’aise dans cette
station balnéaire qui aurait pu être conçue pour elle. Elle m’a tout de suite
attiré.