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Écrits de Marc Hodges
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8 juin 2010

De la duplicité du monde

Je vis dans un monde double: le monde réel que, comme tout un chacun, je traverse avec plus ou moins de présence et le monde imaginaire qui revendique le maximum de place. J'ai toujours dans la tête des fictions en cours, des dialogues avec des personnages dont je sais qu'ils n'existent pas. Il ne s'agit pas ici du phénomène bien connu des "amis virtuels", ces personnages imaginaires avec lesquels tant d"enfants conversent jusqu'à l'adolescence; je suis depuis longtemps sorti de l'adolescence et mes personnages sont beaucoup plus nombreux. Il ne s'agit pas non plus réellement de fictions car la plupart de ces 'récits' ne constituent pas de réelles trames mais de quelque chose comme des flashes, des fragments de récits où des personnages apparaissent, disparaissent, réapparaissent, se rencontrent ou ne se rencontrent jamais. Chacun de ces micro-récits pourrait figurer dans un récit plus vaste mais cela ne m'intéresse pas, je n'essaie ni de les mémoriser ni d'en faire un matériau d'écriture, les personnages, les événements dans lesquels ils sont impliqués, les dialogues auxquels ils participent sont là, manifestent sans cesse leur présence, sans plus.

Leurs liens avec le réel sont ténus, parfois une vague association à un visage appelant celui d'un personnage imaginaire qui se met aussitôt "vivre", un fragment de dialogue qui se prolonge dans l'imaginaire, la vue d'un animal qui me projette dans un paysage… Mais la plupart du temps réel et imaginaires restent chacun sur leurs trajectoires occupant, comme des pensées autonomes, des zones différentes de mon cerveau. C'est ainsi que je peux marcher dans une rue du monde réel tout en faisant l'amour dans le monde imaginaire ou faire l'amour dans le monde réel et discuter avec un jeune homme dans le monde imaginaire. L'un n'empiète que rarement sur l'autre et mon cerveau bascule incessamment de l'un à l'autre.

Rien d'extraordinaire pourtant, s'il est un point sur lequel les mondes réels et imaginaires se rencontrent, c'est la banalité. Je ne suis un héros ni dans l'un ni dans l'autre et c'est en cela que cette duplicité n'est pas enfantine : j'ai arrêté de toujours croire sauver le monde. Ce qui est accompli dans l'un pourrait l'être dans l'autre et, de tout cela je ne retire aucune satisfaction particulière, bien au contraire, plutôt une difficulté croissante à savoir qui je suis et vers où aller.

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