La musique du printemps
"C’est
inadmissible ! conclut Zabre — Vous avez raison, renchérit X… peu à peu éveillé et
prenant lentement conscience de l’importance du problème abordé. C’est vrai,
c’est inadmissible !
— Alors, ne l’admettons
pas, reprend Zabre, avez-vous lu le tracts de ce MRA ? Ce ne sont que des
paroles creuses, un verbiage exalté… —Non… vous en avez un ? — Pas sur
moi, je ne conserve pas ces torchons mais, en gros, ils traitent tous les gens
mûrs et sensé d’arriérés mentaux. Le monde ne commence qu’avec eux et, surtout,
l’intelligence, ils se prennent pour des génies politiques. — Et personne ne dit
rien ? — Non, les autorités elles mêmes semblent impressionnées, désarmées
par leur jeunesse… Il faut faire quelque chose. — Sûr… Il faut faire quelque
chose mais… quoi ?
Dans le tunnel de
paperasses passe un silence lourd de réflexion, les deux personnages le
laissent traverser leur méditation puis, soudain, X… propose : — Il ne
faut pas agir seuls. J’ai une idée : tout près d’ici un occultiste a
dressé sa tente, il semble honnâte, sérieux… si nous allions le voir ? —
Zabre acquiesce : pourquoi pas ?
Zabre s’efforce à
sortir à reculons du boyau étroit sans déranger les papiers de X… qui, à son
tour, bientôt, pointe, dans l’ouverture étroite de la tente, son visage au nez
épaté, presque caprin.
« Il faisait un
temps splendide, le soleil généreux pailletait la forêt de lumière, déjà les
bois débordaient de vie. Aux multiples bourdonnements des insectes qui parcouraient
toute la gamme des aiguës, on aurait pu se croire en été. Une brise légère
agitait en cadence les jeunes feuilles formant une basse continue sur laquelle
venaient se greffer les thèmes de multiples chants d’oiseaux atgés dans les profondeurs
de la forêt. La symphonie du printemps s’en donnait à chœur joie… »