Une décision
Il fallait donc sévir.
Sévir avec d’autant
plus de rigueur que le châtiment devait être exemplaire. Dans ce but, il
fallait utiliser la population qui, d’ailleurs, semblait n’attendre que cela,
et l’engager dans le combat contre les fauteurs de troubles. Il fallait
mobiliser le troupeau bêlant des gens d’habitude tranquilles pour l’exciter, le
provoquer, lui faire perdre tout contrôle, le pousser à charger l’ennemi. Au
fond, il fallait l’enivrer. Cependant, comme ils se saoûlaient déjà
suffisamment de vin, de bière, d’hydromel, de cidre — bref de tout liquide
buvable à teneur plus ou moins haute d’alcool il fallait trouver un autre
stupéfiant. Après réflexion, Yvré et le garde-champêtre avaient convenu que la
parole pouvait aussi avoir cet effet sur des âmes frustes et peu éloqauentes:
on leur ferait donc le coup du grand discours avec toute la pompe et la solennité
nécessaires.
Mais avant, il fallait
préparer l’atmosphère. Le garde-champêtre promet de s’en charger.
Tout dort dans le
village, de ce lourd sommeil des nuits d’orage où, à cause de la moiteur de l’air
et de l’épaisseur électrique, chacun s’agite dans son sommeil. Seul X…,
inlassable dans sa quête du centre d’émanation des fluides uraniens, arpente les
grands chênes du côté du sentier des amoureux.
Huelgoat, samedi 25 mai, 3 heures 15