Histoire de l'instituteur (fin) et suite…

Passer à ce niveau appelé Poésie, amenait à rompre avec la littérature conçue comme récits d’événements, donc comme possédant un certain degré de lien avec ce que l’on peut désigner comme « le réel » ou « la réalité », pour antrer dans le territoire des réflexions sur la littérature elle-même. Une boucle se bouclait ainsi comme un serpent qui se mord la queue, écrire devenait une activité autiste fermée sur elle-même et réservée aux seuls initiés.

J’en déduisis à juste titre me semble-t-il, que l’imagination était le moteur privilégié car, d’abord « active » — c’est-à-dire appliquée à peindre des actes—, elle devenait « technique » — c’est-à-dire recherchait de nouveaux procédés pour rapporter des faits à peu près semblables.

J’en étais ainsi arrivé à un tournant. Il devenait évident que ma vie, en elle-même, ne présentait aucun intérêt pour personne d’autre que moi, mais qu’elle pouvait me servir en tant qu’aliment privilégié — puisque je ne savais vraiment écrire qu’à partir de ce que je savais du vécu — à des prolongements imaginaires.

Fin de l’histoire de l’instituteur

L’instituteur paraît soudain sortir d’un rêve, il regarde autour de lui, sans doute pour voir si aucun de ses élèves n’était encore dehors, puis rentre dans la petite cour de l’école dont, derrière lui, il ferme la porte à loquet.

Armelle et Wilfrid d’Eurymédon passent sur le pont. Ils voient le garde-champêtre qui, à coups de bâton, de procès-verbaux, de sifflet, s’efforce de rendre la fluidité habituelle à la circulation. Ils ne s’attardent pas outre mesure. Lorsqu’ils sont sur la route départementale 36, loin des dernières maisons blanches du village, d’Eurymédon, après avoir bien examiné autour d’eux s’il n’y a personne, abandonne leur conversation agonisante sur le temps et les vacances pour attaquer un sujet qui lui tient à cœur.