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Écrits de Marc Hodges
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22 décembre 2008

Silence dans la chambre

Madame Trang frappe à la porte. Timidement d’abord, puis plus franchement. En vain. Elle insiste. Aucune réponse. Elle se décide à prendre sur son chariot de service son téléphone portable, compose le numéro de la chambre. Très étouffée par les portes et la douceur des moquettes, elle entend la sonnerie. Personne ne décroche… Elle ne perçoit pas le moindre des bruits usuels : douche qui coule, clapotis d’un bain, toux, respiration, paroles… Le silence est total. Madame Trang sait que, même si les chambres sont insonorisées, il lui est toujours possible, dans un couloir silencieux, en dressant l'oreille — au pire en la collant contre le bois de la porte — de percevoir quelques signes d'activité : ronflements, bruits de télévision, vibration de rasoir électrique… Mais non, rien. Elle n'entend rien. Rien d’autre que le bruit du vent, de la neige qui fouette les vitres… Ce silence anormal l’inquiète…

Un couple sort de la 1540. Pour que son immobilité devant une porte de chambre ne paraisse pas étrange, Mme Trang feint de fouiller dans son chariot. Puis consulte à nouveau son badge électronique. Pas d'erreur, le départ des occupants de la chambre 1540 est bien signalé à 13 heures 22. Sa propre entrée dans la 1532 à 12 heures 58. Sa sortie à 13 heures 19. L'ordinateur central auquel son badge est relié en permanence par le réseau de communication infrarouge de l'hôtel n'est pas défaillant. Il lui a même accordé le point de bonus reconnu par les conventions collectives pour avoir fait le travail en deux minutes de moins que prévu. Aucun doute, l'occupant de la 1534 n'est pas sorti depuis quarante-huit heures. Logiquement, il doit être à l'intérieur.

Espérant enfin une réaction, elle frappe encore. Comme rien ne se passe, utilisant son code personnel, elle se décide à commander à l'ordinateur central l'ouverture de la 1534. Elle entre…

La chambre est parfaitement silencieuse.

L'antichambre, sur laquelle donnent les toilettes, la salle de bain et le dressing, sont vides, sombres. Mme Trang éclaire, ouvre la porte du dressing. De nombreuses tenues sont pendues aux cintres, un grand nombre de chemises blanches rangées sur les étagères, plusieurs paires de chaussures. Rien d’anormal. Mme Trang sort, ouvre la porte des toilettes, note de renouveler le rouleau de papier hygiénique, va visiter la salle de bains. Des traces douteuses sur la baignoire, plusieurs serviettes jonchant le sol signalent que quelqu'un s'est lavé il y a peu. En tous cas depuis son dernier passage. Comme il n'y a aucune trace d'humidité, elle se dit que ces ablutions datent au moins de la veille puis enregistre tout ce qu'elle doit renouveler : savonnettes, shampooing, papier à démaquillage… la routine.

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