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Écrits de Marc Hodges
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31 août 2008

Le café

Depuis des années, le matin, vers sept heures, il entrait dans le café, venant d’on ne savait où, s'asseyait, commandait un «double café noir serré», restait là sans un mot quelques minutes, puis repartait on ne savait où et personne ne le voyait jamais du reste de la journée. Sa présence anonyme et silencieuse rythmait la vie des habitués auxquels il n’avait jamais adressé la parole et qui, donc, ne l’avait jamais fait non plus. C’était un homme de taille moyenne mais d’apparence assez musclée, presque chauve, toujours vêtu d’un jean délavé, d’espadrille été comme hiver, et des chemises flottantes vaguement hawaïenne qui semblaient ne jamais avoir été neuves. Assez brun de peau, yeux noirs profonds qui contemplaient le monde comme s’il y avait entre eux et les choses un écran translucide, nez busqué, front haut, bouche mince mais gourmande… Personne ne connaissait son nom.

La solution à la multiplicité des personnages est peut-être de prendre le café comme lieu commun, de donner plus de chair au patron du bistro, le substituer à Wilfrid comme personnage-pivot…

Une équipe de télévision vient tourner un reportage sur le quartier (projet un peu glauque, sous prétexte de reportage, montrer en fait la merde dans laquelle se débattent les gens et en faire jouir ceux qui s’éffondrent dans leur fauteuil mou devant leur écran plat extra large), peut-être parce qu’il y aurait un vague projet de «réhabilitation»: idéologie simpliste, idées reçues, etc… conflits au sein de l’équipe de tournage, syndicalisation à outrance, prétention des techniciens et du «reporter». Ils viennent enquêter au café.

Quand le patron de bistro (lui trouver un nom) rentre le soir dans son « appartement » à l’étage, le plancher est couvert d’une marée de cafards sur laquelle il s’élance à grands coups de pieds pour essayer d’en écraser le plus possible dans une espèce d’hystérie meurtrière. A la fois il attend ce moment toute la journée et le redoute.

La bande des jeunes du «Chicken Burger».

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