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Écrits de Marc Hodges
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17 septembre 2007

Plaisirs nocturnes

Ainsi, cette nuit (par exemple), je me suis levé vers minuit pour descendre à la cuisine — pieds nus parce que les marches de l’escalier craquent ; j’avais faim. Je n’ai pas pu manger grand chose : un quignon de pain beurré, des restes froids de pommes de terre bouillies… Et encore je n’ai pas pu finir le plat, j’aurais signé mon passage. Mère s’en serait aperçue. Elle contrôle tout, c’est incroyable. Elle prétend que sans cela «il n’y arriveraient pas». Remarque fréquente à table lorsque l’un ou l’autre de nous veut reprendre de la viande… ou des fruits. Elle a la purée généreuse. Le reste… Faut savoir se débrouiller. Heureusement j’ai mes habitudes. Ainsi, en cette saison, il y a des fraises et des cerises dans les jardins des alentours. Suffit de se servir. Discrètement… Bien sûr… Mais… à minuit ! Je suis donc sorti. La nuit était d’une admirable fluidité, au fond de son eau, on apercevait les bancs scintillants des étoiles dont certaines avec de faibles palpitations, de petits cœurs qui battent. Au loin, dans la profondeur de la nuit, vagues, quelques hurlements du côté de Saint Privat, au-dessus du réseau lumineux de la ville, quelques aboiements aussi, atténués, pourtant, en même temps, étrangement sonores. Je suis resté quelques temps sur la terrasse, allongé sur un des murets de pierre qui dessinent deux demi-cercles ouverts sur les escaliers, ajourés de colonnettes de lointaine inspiration toscane. Je regardais le ciel. Plutôt, je me laissais imprégner de l’optimisme nocturne. J’étais bien. Un laps de temps. Après, je me suis ennuyé puis j’ai commencé à sentir la fraîcheur puis j’ai eu faim à nouveau. Je suis parti. Il y a dans les environs deux jardins d’accès facile: celui de l’École Normale, celui de la gendarmerie… Par jeu, j’ai opté pour celui de la gendarmerie. De toutes façons, il faut traverser celui de l’École Normale. Ainsi, je faisais coup double. J’ai aussi pensé que le lendemain je serais fatigué, j’aurais sommeil, ce qui accréditerait ma maladie.

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