Jouir du virtuel
La société se vautre dans le virtuel, les mecs préfèrent rêver leur vie que la vivre (On change de monde, le Net offre l'anonymat, chacun jouit d'une liberté inédite, peut mener une seconde vie fantasmée ; parmi les péchés contraires à la chasteté : masturbation (dont l'importance est ici révélée) — fornication, pornographie, pratiques homosexuelles — y a le cybersurf): Sète, cyber snack, lieu très vache. Angelina fait les sandwiches. Gloria surfe.
Gloria appelle Angelina qui pose couteau, beurre, baguette, montre un blog, «Je m’emmerdais, j’ai cherché nos noms dans Gogol. Regarde!» Angelina regarde. Elle est là: histoire trash. Ludovic est là, même histoire trash. Hasard? «Qu’est-ce que t’en dis, j'ai l'air mégalo?… Dis-le si tu le penses!» Parcourent le blog. Ces mecs savent mener une surveillance attentive, regrouper, analyser mieux que quiconque un tas d'informations, même des photos… Tout ça est bien compliqué, piratage des corps, des vies, des cerveaux: état d'urgence virtuel. «Y a quelque chose», dit Angelina, «chais pas quoi, mais…» Des liens les mènent à d’autres blogs: Romans, Marc Hodges: Ludovic toujours! «Pouvais pas intuiter ça», soupire Gloria, «c’est un pion, la société mondialisée fait perdre les repères… des manipulateurs en résultent? on dirait qu’ils le surveillent» «L’est en danger?» «Ça a l’air!» «Qu’est-ce qu’on fait?» «Apéro, on parle au Cristal Bar. Au-delà des souffrances, le pire est l'humiliation: ça va le gaver!»