Un regard acéré (Roberte et Argencourt 02)
J’avais décidé de composer quelque
chose comme une monographie poétique de la pornographie intime, idée
très confuse mais dont je pensais que le travail d’écriture préciserait
les lignes.
Cependant, je ne me rappelais pas ce Christ… Une
certaine lucidité perçant le brouillard de mon crâne, l’idée m’a
effleuré que cette vision pouvait fournir le thème d’un poème. Ai osé…
anonyme au chevet, le christ voyeur de bronze
puis
dans l’incertain du jour, un christ : voyeur de bronze
mauvais…
mauvais… pourquoi?… ne suis pas allé plus loin: la poésie, simple
modulation dotant l’existence d’un peu d’épaisseur, n’appartient qu’à
l’invisible du visible. Mon esprit brisait sa gangue… je me dis que je
pourrais risquer l’effort de mettre un pied à terre. me suis décidé…
Me
suis levé, ai fait quelques pas, ouvert une fenêtre sur une perspective
de fresques délavées de dieux, déesses mi-nues estompées par une brume
froide. Le froid m’a éveillé, j’ai alors accordé un peu plus
d’attention à cette chambre qui ne m’évoquait rien, habits chiffonnés
sur un fauteuil, portefeuille sur table de marbre, chapeau couvrant les
fesses calypiges d’une nymphe-pendulette de bronze: rien de tout cela
ne ressemblait à mon sens paroxystique de l’ordre.
M’est alors
revenu en mémoire que j’avais, la veille rencontré une bande de
noctambules qui m’avaient entraîné. Le regard acéré d’une belle brune à
laquelle je ne semblais pas indifférent flottait encore dans des
vapeurs d’alcool et des fumées d’herbe. Je ne me souvenais pas être
rentré à mon hôtel.
l'histoire ne s'intéresse qu'aux faits
globalisation être persuadés quelquefois désarroi des contraires fermer
les yeux pour mieux le sentir chien rouge se contente de satisfactions
très élémentaires ne sait où elle va mais elle va s'est même
débarrassée de ses souvenirs glisser la main droite jusqu’au pubis
comme toujours qu'ajouter à cela chose complètement volatile nous
prenons garde à ce que le côté noir des événements ne nous submerge pas
cochonneries de l'espace dans un certain sens ainsi "mon dieu que ce
jeune homme embrasse bien" en effet…